Alexis Vastine, issu d'une discipline moins médiatisée que la natation et la voile, était peut-être le moins connu des trois disparus. Le jeune homme, né à Pont-Audemer en Normandie et issu d'une famille de boxeurs, se tournera naturellement vers le noble art et mettra tout en œuvre pour atteindre les sommets et parvenir à son plus grand objectif, devenir champion olympique. Dès 13 ans, il quitte le nid pour intégrer le pôle espoir  avant d'entrer à l'INSEP quelques années plus tard et où il restera jusqu'à ses 25 ans.

Malgré une discipline de fer et un talent indéniable, Alexis Vastine verra par deux fois son rêve s'envoler. En 2008 à Pékin, après une décision très controversée du juge, il s'incline en demi-finales face à Felix Diaz, qui va devenir champion olympique et doit se contenter d'une médaille de bronze. Le jeune Normand est éprouvé par cette injustice mais se reconcentre très rapidement sur la prochaine échéance, les JO de Londres.

Malheureusement, en 2012, le douloureux scénario se répète. Cette fois-ci, Alexis Vastine est sorti dès les quarts de finales au profit de l'Ukrainien Taras Shelestiuk alors qu'il avait nettement dominé son adversaire dans le troisième round. Son appel de la décision des juges n'y fera rien. On gardera cette image touchante du boxeur en larmes après cette nouvelle injustice et qui s'était exprimé en ces termes. "Je suis ecoeuré, abattu, assommé. Deux fois de suite de manière aussi flagrante, je ne pouvais pas l'imaginer". Alexis Vastine, qui avait tout sacrifié pour obtenir l'or olympique, est alors au fond du gouffre. "Quand je pense à mon avenir, je ne vois rien", disait-il. A 25 ans, il songe même à arrêter sa carrière. Pendant près d'un an, il sombre dans une dépression, noyant son désarroi dans l'alcool et la nourriture.

Il s'en relèvera fin 2013 quand il annonce son retour à la compétition avec en ligne de mire, Rio 2016. Malgré les cruelles déconvenues, Alexis Vastine n'avait jamais renoncé à son rêve. Comme l'a indiqué Brahim Asloum, "son but ultime était de devenir champion olympique et il se préparait pour Rio 2016". Il comptait prendre sa retraite après ce grand rendez-vous.

En dépit de ces désillusions, le Normand avait un très beau palmarès : 3ème à Pékin, 2ème aux Championnats d'Europe à Moscou en 2010, champion de France à trois reprises, quadruple champion du monde militaire et détenteur de nombreux autres titres.

Nombreux sont les sportifs à avoir exprimé leur tristesse. "Je perds un frangin" sont les mots de Teddy Riner. Quant au cycliste Nacer Bouhanni, qui a l'habitude de mettre les gants de boxe et engagé sur Paris-Nice cette semaine, il a fait part à Hamid Zaïm, l'entraîneur du club de boxe de Nouzonville dans les Ardennes où il s'entraîne régulièrement, de sa volonté de gagner l'étape d'aujourd'hui pour Alexis Vastine. "Nacer m’a dit que, en se levant à 6 heures, il avait appris le drame, qu’il n’arrivait pas à y croire, qu’il en avait des frissons partout. Il m’a dit qu’il allait tout faire pour gagner l’étape et, à l’arrivée, brandir ses poings fermés, en forme de gant de boxe, pour rendre hommage à Alexis Vastine".

Adieu champion…