Eaton trop fort

Ashton Eaton [AFP FRANCK FIFE]

Le décathlon n'est pas l'épreuve la plus connue de l'athlétisme. Ses champions ne sont pas autant idolâtrés que les rois du sprint. Pourtant ce qu'ils font est tout aussi exceptionnel. Deux jours, dix épreuves. Voilà leur programme. À Pékin, le suspens de ces dernières 48 heures n'était pas de se demander qui va devenir champion de monde. L'Américain Ashton Eaton est rapidement devenu intouchable. Hier soir, après cinq épreuves, il comptait déjà 4 703 points soit 173 de plus que son dauphin, le Canadien Warner. Il finissait même la journée en battant le record du monde du 400 m dans un décathlon. Un record qui datait de 1968 (45''00 contre 45''68 pour William Toomey ancien détenteur de ce record). Non le suspens était d'un tout autre acabit. La question était de savoir si Eaton allait battre le record du monde de décathlon qu'il avait lui même établit en 2012. Après neuf épreuves, il devait courir son dernier 1 500 m en 4'18''00 pour y parvenir. Bien aidé par le Marocain Larbi Bourrada qui remportait cette course de demi-fond, il passait la ligne en 4'17''52. À 27 ans, Eaton (9045 points soit 6 de plus que l'ancien record) rentre un peu plus dans l'histoire de son sport avec ce deuxième titre de champion du monde (2013 et 2015), lui qui, en 2012, était devenu champion olympique. Le Canadien Damian Warner (8695 points) et l'Allemand Rico Freimuth (8561 points) complètent le podium.

Farah...mineux

Sur le 5000 m, qui n'est, hélas, pas non plus l'épreuve qui attise le plus grand intérêt du public, c'est un autre très grand champion qui s'est imposé. Dans cette course d'une incroyable densité, peut-être la plus relevée depuis le début de ces Mondiaux, c'est le Britannique Mo Farah qui a décroché le titre (13'50''38). Le Kényan Caleb Mwangangi Ndikur est en argent (13'51''75) et l’Éthiopien Hagos Gebrhiwet en bronze (13'51''86). Seul contre tous. Mo Farah, double champion olympique à Londres (5 000 m et 10 000 m), contre tous les autres. Quinze coureurs avec comme seul objectif de battre celui qui une semaine plus tôt s'était déjà imposé sur le 10 000 m. Mais après un peu plus d'un kilomètre à l'arrière du groupe, Mo Farah a pris les commandes de la course ne laissant plus personne passer devant. Ndikur aura bien tenté de contrecarrer les plans du Britannique en le poussant dans un dernier mille de folie (2'19''23), le plus rapide de l'histoire du 5 000 m, mais en vain. Mo Farah reste le maître du fond.

La Jamaïque encore et toujours

Depuis de nombreuses années, qui dit sprint dit duel entre Jamaïcains et Américains. Une rivalité incarnée par l'opposition entre Usain Bolt et Justin Gatlin. Et les relais 4 x 100 m n'échappent pas à la règle. Mais comme depuis le début de ces Mondiaux, l'affrontement a tourné à l'avantage de la Jamaïque. Le relais féminin emmené par Shelly-Ann Fraser Pryce s'est imposé (41''07 record des championnats) devant les États-Unis (41''68). Évidemment. Trinidad et Tobago (42''03) fini troisième. Chez les hommes les trois premiers relayeurs (Nesta Carter, Asafa Powell et Nickel Ashmeade) ont mis le roi Bolt sur orbite pour un dernier 100 m seul au monde. La Jamaïque en or (38''23). Comme une évidence. Les États-Unis (37''77 : Tyson Brommell, Justin Gatlin, Tyson Gay et Mike Rodger) disqualifiés pour un dernier passage hors zone, ce sont les Chinois (38''01) et les Canadiens (38''13) qui ont réussi à s’immiscer dans la brèche. Petite déception pour les Bleus (Biron, Lemaître, Anouman et Vicaut) qui se classent 5ème (38''23) alors qu'en qualifications ils avaient réalisé le troisième meilleur temps de l'histoire du 4 x 100 m Français en 37''88.

La journée des premières

Un concours de hauteur exceptionnel. Trois filles au dessus des 2 m, toutes à 2 m 01. Au nombre de sauts, le titre revient à Mariya Kuchina (Russie). En battant son record personnel, elle obtient, à 22 ans, son premier titre en plein air, elle qui est déjà championne du monde et d'Europe en salle. Elle devance l'éternel Croate Blanka Vlasic. La deuxième meilleure performeuse mondiale de tous les temps (2 m 08), gênée par des blessures depuis 2012 passe à côté de l'or pour un premier saut manqué à 1 m 92. Alors qu'elle « n'avait sauté que deux fois en deux mois », Vlasic revient de loin. Très loin même. Anna Chicherova, championne olympique à Londres, est en bronze.

Le 800 m a été remporté par la championne d'Europe à Zurich, la Biélorusse Maryna Arzamasova (1'58''03). La Canadienne Melissa Bishop (1'58''12) et la Kényane Eunice Jepkoech (1'58''18) finissent respectivement deuxième et troisième. Rénelle Lamote, première Française en finale d'un 800 m depuis 20 ans avec Patricia Djate, termine huitième. Alors qu'elle partcipe à ses premiers Mondiaux, enchaîner trois courses est une nouveauté. « On verra ce que j'ai dans la tête et dans les jambes » disait-elle hier. Aujourd'hui, la tête était là, une tactique de départ respectée en restant placée mais il manquait de l'énergie sur la dernière ligne droite. À 21 ans, elle a l'avenir devant elle, et peut, comme Pierre-Ambroise Bosse, prendre déjà rendez-vous avec Rio.

C'est aussi une première au disque avec le titre mondial du Piotr Malachowski. Le Polonais qui collectionnait les places d'honneur (2 fois vice champion du monde et vice champion olympique) aura eu besoin d'un deuxième essai à 67 m 40 pour devenir champion du monde. Le Belge Philip Milanov (66 m 90 record de Belgique) est en argent tandis que la Pologne réussi, comme au marteau, à placer deux athlètes sur le podium avec Robert Urbanek (65 m 15).

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Louise Dubernard
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