Journée 1 : Amandine Buchard ouvre le compteur

Vice-championne d’Europe en titre des moins de 48Kg, c’est légitimement qu’Amandine Buchard pouvait viser une médaille mondiale dans la catégorie. Mais à seulement 19 ans, il fallait tout de même le faire. Après un incroyable premier combat qui la voyait sortir la championne olympique en titre Sarah Menezes sur Yuko, la Française se défaisait facilement de la Zambienne Abigail Chindele sur ippon. La double championne de France des poids super-légers enchainait ensuite avec une victoire sur l'Ukrainienne Maryna Cherniak grâce à un waza-ari. En demi-finale, la native de Noisy-le-Sec tombait finalement face à l’expérience de Paula Pareto, 28 ans et médaillée de bronze aux Jeux Olympiques 2008. Malgré la déception, c’est en championne qu’elle se remobilisait pour aller décrocher une première médaille mondiale aux dépens de la Russe Alesya Kuznetsova dans la petite finale. Encore junior, la nouvelle pépite du judo français a marqué les esprits en Russie avec cette belle médaille de bronze. Une jolie promesse pour l’avenir pour une judoka qui visera le titre olympique dans deux ans à Rio.

Journée 3 : Automne Pavia en bronze

Double championne d’Europe en titre et médaillée de bronze des derniers Jeux Olympiques en -57Kg, il ne manquait plus qu’à Automne Pavia une breloque mondiale. C’est désormais chose faite. A l’issue d’une petite finale terminée au golden score, la Française venait à bout de la Brésilienne Rafaela Silva, championne du monde en titre, sanctionnée pour non-combativité. Si l’Orléanaise était arrivée en Russie avec le statut de prétendante au titre mondial, cette médaille de bronze reste une réussite quand l’on sait d’où elle revient. Favorite des mondiaux 2013 à Rio, elle avait échoué à la 5e place. Une énorme désillusion qui avait failli lui faire mettre un terme à sa carrière. Qualifiée en demi-finale après des victoires dans la matinée face à Liu Yang, Arleta Podolak et Sabrinna Filzmoser, la championne du Monde par équipes 2011 cédait face à la Japonaise Udaka, qui remportera l’or dans la foulée. Une déception vite compensée par cette première médaille internationale. La deuxième seulement pour la France dans ces championnats du Monde après la disette de la veille.

Journée 4 : Le titre pour Clarisse Agbegnenou, le bronze pour Loïc Pietri

Après trois jours de compétition sans titre, la France décrochait enfin sa première médaille d’or en Russie. Une première Marseillaise obtenue par le talent de la jeune Clarisse Agbegnenou. A seulement 21 ans, la Française remportait son premier titre mondial chez les -63Kg en venant à bout de celle qui l’avait battu en finale des Mondiaux l’an passé, l’Israélienne Yarden Gerbi. Une revanche acquise avec la manière puisque c’est sur un ippon et ce après seulement 35 secondes de combat que la native de Rennes s’est défaite de la championne du monde en titre. Un peu plus tôt dans la journée, la double championne d’Europe avait successivement vaincu Anna Bernholm, Zhang Wen et Edwige Gwend à chaque fois sur Yuko avant d’infliger un ippon à sa compatriote Anne-Laure Bellard en demi-finale.

Champion du monde en titre, Loïc Pietri a dû se contenter d’une médaille de bronze en Russie, échouant dans sa quête d’un second titre planétaire consécutif chez les -81kg. Après s’être qualifié pour les quarts de finale suite à des victoires sur le Coréen Seungsu Lee, le Portugais Diogo Lima et le Suédois Robin Pacek, le vice-champion d’Europe 2014 se défaisait du local Ivan Nifontov, champion du Monde 2009, pour s’assurer une place dans le dernier carré. C’est alors que le médaillé olympique Canadien, Antoine Valois-Fortier mettait fin à ses espoirs de médaille d’or d’un shido. Le Niçois allait finalement chercher la quatrième médaille française de ces Championnats du Monde d’un waza-ari sur le Japonais Takanori Nagase. La troisième en bronze.

Journée 5 : Audrey Tcheuméo, une déception en argent

Championne du monde en 2011 à Paris chez les -78Kg, Audrey Tcheuméo rêvait d’un pareil résultat à Tcheliabinsk. Et c’est avec cet objectif en tête qu’elle a écrasé une par une ses adversaires jusqu’en finale. Après avoir renvoyé successivement au vestiaire Samantha Bleier, Marta Tort Merino et Yalennis Castillo en 2'23, 57', et 1'39 de combat, la médaillée de bronze des derniers mondiaux défiait en demi-finale la championne du monde en titre, la Nord-Coréenne Kyong Sol. Et c’est avec la même envie et la même détermination que lors de ses trois premiers combats, que la Française clouait au sol son adversaire, s’imposant sur ippon après 1'21 de combat. En finale, la native de Bondy retrouvait la Brésilienne Mayra Aguiar, avec qui elle avait partagé le bronze lors des derniers championnats du monde ainsi que lors des Jeux Olympiques 2012. La championne d’Europe 2014 se faisait alors surprendre à la mi-combat par son adversaire sur un Waza-ari. Incapable d’attraper la manche adverse, la sociétaire du Villemomble Sports Judo laissait la sud-américaine filer vers son premier titre mondial, se contenant de remporter la seule médaille mondiale manquant à son – déjà très rempli – palmarès.

©L'Equipe
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Journée 6 : Teddy Riner au septième ciel, première médaille mondiale pour Emilie Andéol

Monstrueux, exceptionnel, fantastique… Les superlatifs manquent pour décrire ce que Teddy Riner a réalisé à seulement 25 ans. Pour la sixième fois consécutivement, le géant Français a remporté le titre mondial dans la catégorie des +100Kg après 2007, 2009, 2010, 2011 et 2013. Pour la septième fois, il est devenu champion du Monde, égalant le record de la Japonaise Ryoko Tani (le Guadeloupéen s’était en effet également paré d’or lors des Championnats du Monde toutes catégories 2008). Pour la huitième fois, il a glané une médaille mondiale (Il avait hérité de l’argent aux championnats du Monde toutes catégories 2010), une première dans l’histoire du judo masculin. Blessé en début de saison, le champion olympique 2012 arrivait en Russie avec une seule compétition dans les jambes, ce qui ne l’a pas empêché d’écraser un par un par ses adversaires.

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Après une victoire sur ippon face à Or Sasson en 49 secondes, le champion d’Europe remettait ça au tour suivant face à Michal Horak après seulement 37 secondes de combat. En quart de finale, Riner sortait le local Renat Saidov, qu’on disait le plus dangereux, en 1'22 après lui avoir infligé un ippon sur immobilisation. En demi-finale, Rafael Silva, finaliste des derniers mondiaux, ne tenait pas plus de cinquante secondes, le temps de sortir sur étranglement. En tout et pour tout, il aura fallu au licencié du Levallois Sporting Club pas plus de 3'38 pour se hisser en finale. Une statistique impressionnante. Invaincu depuis quatre ans et 65 combats, le plus jeune champion du monde de l’histoire se faisait tout de même une belle frayeur en finale face au Japonais Ryu Shichinohe quand, à 39 secondes de la fin, ce dernier tentait de lui infliger un Yuko, finalement non comptabilisé par l’arbitrage vidéo. Pénalisé pour refus de combat, alors que Teddy visait l’ippon, le Nippon laissait le maître incontesté de la catégorie reine filer vers un énième sacre mondial, le laissant écrire encore un petit peu plus l’histoire de son sport. Epoustouflant.

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Exemptée de premier tour, Emilie Andéol, toute récente championne d’Europe chez les +78Kg, remportait son premier combat face à la Lituanienne Santa Pakenyte, avant de se défaire de la Japonaise Kanae Yamabe, vainqeur du tournoi de Paris, sur Yuko. Qualifiée pour les demi-finales, la sociétaire du Red Star Champigny retrouvait la Cubaine Idalys Ortiz, championne olympique et du monde en titre. Après un beau combat qui la voyait perdre au golden score sur un étranglement, la Française venait à bout de l’Allemande Franziska Konitz dans la petite finale pour décrocher, à 26 ans, une première médaille planétaire. Au terme de quatre minutes d’un combat accroché, les deux judokates n’arrivant pas à se départager (une pénalité partout), elles se voyaient disputer une mort subite. Six petites secondes après son début, la vice-championne d’Europe 2013 prenait son destin en main et infligeait à la Berlinoise un waza-ari, significatif d’une médaille de bronze. Un super résultat décroché au tempérament et au mental par la Girondine, qui devenait au passage la première Française depuis neuf ans à monter sur le podium mondial des +78 kg.

Bilan en individuel : 7 médailles dont 2 en or comme en 2013 et aux JO

Avec ces deux titres mondiaux obtenus par Agbegnenou et Riner, la France s’est placée au deuxième rang du classement des nations en Russie, derrière l’intouchable Japon et ses 4 titres. Alors qu’au nombre de médailles (7), les Bleus ont terminé à la troisième place derrière le même Japon (9) et la Russie (8 mais 0 en or), mais devant le Brésil et Cuba (4). Un bilan final quasi-similaire à celui obtenu lors des derniers championnats du Monde de Rio où les Tricolores avaient glané le même nombre de breloques (2 or, 2 argent, 3 bronze en 2013 contre 2 or, 1 argent, 4 bronze en 2014) ainsi que lors des derniers Jeux Olympiques où les Français avaient raflé 2 médailles en or et 5 en bronze. Cette régularité permet ainsi à la France d’assoir son statut de nation n°2 du judo mondial derrière le pays inventeur de la discipline, l’inévitable Japon. Et cela après avoir remporté haut la main, en avril dernier, le classement des nations des championnats d’Europe avec 13 médailles dont 6 en or. Des résultats d’ensemble qui se veulent positifs dans la perspective des Jeux Olympique de Rio en 2016. Surtout quand l’on sait que les déceptions, et les donc potentielles chances de médailles dans l’avenir, ont été nombreuses à Tcheliabinsk, que ce soit Sofiane Milous (7e en -60Kg), Loïc Korval (5e en -66Kg), Ugo Legrand, vice-champion du monde en titre (éliminé en poule par le futur finaliste en -70Kg), Alain Schmitt (5e en -81 Kg), Cyrille Maret (7e en -100Kg) ou encore Anne-Laure Bellard (5e en -63Kg), et que d’autres comme Audrey Tcheuméo ou Automne Pavia ont échoué de peu dans leur quête à l’or.

Journée 7 : Une fin en apothéose pour les Françaises

Déjà championnes du monde par équipes en 2011 à Paris, les Françaises ont remis ça à Tcheliabinsk en venant à bout de la Mongolie 3 points à 2 en finale. Une superbe médaille d’or par équipes qui vient ponctuer une incroyable semaine en individuel marquée par l’obtention de 5 médailles. Après s’être défait de la Tunisie (3-2) grâce aux victoires d'Annabelle Euranie, d'Automne Pavia et d'Anne-Laure Bellard, l’équipe de France se qualifiait en demi-finale en battant la Slovénie (4-1). Malgré la défaite de Priscilla Gneto lors du premier combat, les Bleues se reprenaient bien et Automne Pavia, Clarisse Agbegnenou, Margaux Pinot et Audrey Tcheuméo apportaient chacune un point à leur pays. En demi-finale, les médaillées de bronze par équipes des derniers mondiaux défiaient les Japonaises, championnes du monde en titre. Grâce à des victoires de Clarisse Agbegnenou, Margaux Pinot et d’Automne Pavia - qui atomisait la championne du monde chez les -57Kg Nae Udaka, contre qui elle avait perdu en demi-finale cette semaine – les Bleues filaient en finale (4-1). Face aux Mongoles, Priscillia Gneto offrait le premier point à son équipe (1-0) mais Automne Pavia se faisait surprendre (1-1), Clarisse Agbegnenou permettait alors à la France de repasser devant (2-1). Indécise jusqu’au bout, cette finale était une nouvelle fois relancée par la défaite de Margaux Pinot, qui s’inclinait d’un shido (2-2). Audrey Tcheuméo, déçue de sa médaille d’argent en -78Kg, entrait alors en patronne sur le tatami et offrait aux filles de l’équipe de France le titre mondial d’un rapide ippon (3-2).