Comme l'an passé, sur les routes du Tour de Lombardie, Joaquim Rodriguez Olivier a fait un festival, un joli numéro qui lui a permis de retrouver le sourire après sa "défaite" cruelle aux Championnats du Monde, battu par Rui Costa. On l'avait quitté en larmes sur le podium à Florence. On le laisse aujourd'hui en Lombardie avec un grand sourire, suite à sa victoire et à sa place de numéro un mondial, gagnant du classement World Tour. 

Sale journée pour Nibali

Alors qu'on l'annonçait dans les favoris de cette édition du Tour de Lombardie, mais il n'en est rien. A 90 kilomètres de l'arrivée, Vincenzo Nibali a chuté, et a quitté cette classique dans l'ambulance. Triste image de cyclisme donc, surtout pour Vincenzo Nibali, qui voulait également se rattraper de ses Championnats du Monde, où il avait malheureusement terminé au pied du podium, à cause de deux chutes. Ces deux épreuves italiennes n'auront pas été une grande réussite pour le Requin de Messine, trois chutes, même pas un podium, et une sortie en ambulance. Nibali ne méritait surement pas ce sort, après une Vuelta qui aura été une déception, annoncé comme grand favori, il avait échoué à la seconde place du classement général derrière l'américain Chris Horner. Dans cette lancée, Peter Sagan également n'aura pas eu beaucoup de chance sur les courses italiennes, où il sera tombé aussi (parti en ambulance également). Andy Schleck, Michele Scarponi ont abandonné également. Très mauvaise saison pour le luxembourgeois, qui a énormément de mal à revenir à son meilleur niveau depuis sa (mauvaise) saison 2012. Il avait également abandonné au GP de Plouay. 

 Le joli numéro de Thomas Voeckler 

Thomas Voeckler a probablement été plus en vue aujourd'hui qu'il ne l'a été pendant toute la saison. Le coureur de la formation Europcar a failli s'imposer, repris seulement à 12 kilomètres du but. A 60 kilomètres, il avait décidé de partir seul, pour aller vers la plus belle victoire de sa carrière. Son avance est allée jusqu'à un peu plus de 3 minutes, aux alentours des 30 kilomètres. Deux facteurs ont signé l'arrêt de mort du cycliste français : l'énorme distance de plat qui réduit quasiment à néant les chances d'échappées, et Michael Rogers, le coureur de l'équipe Saxo Bank Tinkoff, qui lui a fait énormément mal sur les portions plates de ce Tour de Lombardie. Peut être que sans le coureur australien, le coureur français aurait pu envisager la victoire.

Il n'aura pas gagné, il aura même fini aux alentours de la trentième place (34ème place), mais avec la victoire de Joaquim Rodriguez Olivier et son sacre pour la deuxième fois consécutive en Lombardie, on se retiendra de l'énorme numéro de Thomas Voeckler qui aura presque passé 50 kilomètres en tête de course. Il a encore sa science de course, il sent la course et il sent les bons coups, mais a-t-il encore les jambes pour faire des coups sur pas mal de kilomètres ? Est-ce que le meilleur Thomas Voeckler qu'il y ait eu (en 2011) aurait gagné ce Tour de Lombarde ? On ne le sait pas, cela reste un mystère.

Les tentatives de Thibaut Pinot

Il n'y a pas que Thomas Voeckler qui ait tenté et eu une stratégie offensive côté tricolore. Le français Thibaut Pinot, récent septième de la Vuelta, a également attaqué dans la dernière ascension du jour, à 11 kilomètres de l'arrivée, dans un tronçon difficile de la Villa Vergano, dernière difficulté du jour. Il a fait un très beau démarrage, mais Domenico Pozzovivo faisait un écrémage de dingue en début de peloton, faisant se décramponner un par un tous les coureurs ou presque. Evidemment, s'étant mis dans le rouge, le français n'a pas réussi à résister ensuite au rythme imposé par le coureur de la formation AG2R la mondiale. Il n'a pas été ridicule, car il a quand même tenté, même étant inférieur à tous les meilleurs (Joaquim Rodriguez, Alejandro Valverde, Dan Martin), il se sera mis dans le rouge et compromis ses chances de top 10 pour espérer un podium. Il faut quand même lui aussi lui tirer un coup de chapeau.

Le sacre de Joaquim Rodriguez !

Même scénario sur le Tour de Lombardie, on s'y attendait, c'était logique, mais cela s'est passé exactement comme prévu pour le récent troisième du Tour de France et quatrième de la Vuelta. Tout le monde savait qu'il rééditerait le même coup, plaçant une attaque franche dans les plus forts pourcentages de la Villa Vergano, mais quand il l'a fait, personne n'est arrivé à le suivre, tellement fort dans les démarrages, il a directement mis dans les choux les meilleurs puncheurs du monde (Philippe Gilbert, Alejandro Valverde, Dan Martin, et encore d'autres). Il a attaqué à 9,9 kilomètres, dans les petites routes, pour se détacher et jamais ne se faire rattraper par un groupe désorganisé derrière.

Tellement fort dans ce genre d'ascensions, « Purito » a encore été très fort, pour gagner son troisième World Tour, terminant sa saison numéro un mondial. Lui, méritant sur les Championnats du Monde, mais deuxième pleurait, il peut aujourd'hui sourire et être fier de sa belle performance. Ensuite, dans sa poursuite, Alejandro Valverde a lâché le petit groupe Majka-Martin pour s'offrir une seconde place. Ce dernier d'ailleurs, vainqueur à Liège-Bastogne-Liège et vainqueur d'une étape de haute montagne sur le Tour de France (devant Jakob Fuglsang), a chuté dans le dernier virage (très dangereux) à 150 mètres de l'arrivée. Enrico Gasparotto a complété le top 5 d'une classique toujours aussi forte en émotions.

Joaquim Rodriguez, finissant l'année numéro un mondial a une petite consolation par rapport à ses Championnats du Monde. Thomas Voeckler, auteur d'une saison assez mauvaise par rapport à son talent, a réussi à se montrer qu'il était capable de grandes choses. Domenico Pozzovivo a prouvé qu'il était capable de faire une énorme ascension, tout comme Rafal Majka. Thibaut Pinot a montré ses limites malheureusement, mais a encore montré ses envies de gagner. Tout le monde en tire des enseignements, et Alejandro Valverde encore sur le podium, encore sur les places d'honneur. C'était un Tour de Lombardie riche en émotions.