En Formule 1, dans un autre sport, le drapeau jaune signifie l’interdiction stricte de dépasser. En cyclisme, le Maillot Jaune, bien qu’il désigne le leader du classement général, signifie, pour cette année en tout cas l’inaptitude à dépasser Vincenzo Nibali. Personne, vraiment personne n’a réellement pu inquiéter le Requin de Messine, déconcertant de facilité dans cette 18ème étape. Après un gros travail de son équipe Astana toute cette journée, l’Italien s’est envolé vers la victoire à Hautacam déposant un Mikel Nieve trop tendre qui a payé les efforts de son échappée.

Les 145,5 kilomètres entre Pau et Hautacam offraient un terrain de jeu royal pour les grimpeurs avec au programme le Tourmalet et la monté finale vers Hautacam. Cette étape arrive comme comme au restaurant lorsque le serveur vous propose un dessert : certains le prennent volontiers, d’autres, le refusent poliment. C’est le premier choix qu’a choisi Vincenzo Nibali, qui, d’une aisance déconcertante, vient croquer les deux coureurs échappés et remporte cette dernière étape dans les Pyrénées.  Au sommet de la station d’Hautacam, là où, jadis feu Marco Pantani remportait une étape similaire, Vincenzo Nibali enfonce un peu plus le clou et s’érige comme le Roi de ce Tour 2014.

Nibali quinze ans après Pantani alors que son arrière garde se dispute le podium.

L’échappée du jour a mis un peu plus de temps à se dessiner dans une course cadenassée à double Tour par l’équipe Astana. Devant, on retrouve 22 coureurs en tête dont trois français. L’échappée collabore jusqu’à la scission au pied du premier col de la journée, le majestueux Tourmalet. Sur les premières pentes, Sylvain Chavanel s’isole et part seul vite pris en chasse par un duo Blel Kadri et Mikel Nieve. À 9 kilomètre du sommet, regroupement, le duo rejoint Sylvain Chavanel qui ne parvient pas à les suivre. C’est un duo en tête de course, derrière le peloton est déjà bien amoindri, une quinzaine de coureurs où Van Den Broeck, Rodriguez, Kwiatkowski sont rapidement distancés. Dans l’échappée, un groupe de poursuivants part chasser les hommes de tête : De Marchi, Trofimov et Huzarski passent avec 1’15’’ de retard sur le duo au sommet du Tourmalet. Dans le peloton, Valverde décide d’attaquer le Maillot Jaune, opération vouée à l’échec, l’Espagnol n’a guère plus de 30 secondes d’avance et est repris dans la descente. Au pied d’Hautacam, les deux fuyards comptent à peine deux minutes d’avance sur le groupe Maillot Jaune. Dans les premiers kilomètres d’Hautacam, c’est Mikel Nieve qui place l’accélération, le Bordelais Blel Kadri n’arrive à le suivre et le duo explose. Derrière, le coureur Américain Chris Horner décide d’accélérer, il est vite suivi par Vincenzo Nibali, les deux hommes fondent sur Blel Kadri. Le Requin de Messine a les jambes pour décrocher sa quatrième victoire dans ce Tour : il dépose le coureur Américain et avale Mikel Nieve. Derrière, la jeune garde française s’arrache et coiffent un Alejandro Valverde toujours aussi limite en montagne. Thibaut Pinot place la première mine, trois coureurs parviennent à accrocher sa roue : Van Garderen, Majka et Péraud. Rafal Majka, le coureur Polonais sent que son Maillot à Pois est en train de se jouer prend ses responsabilités et se détache du groupe pour éviter un quelconque retour (il doit terminer dans les six premiers s’il veut conserver sa tunique). Se rapprochant de 30 secondes de Nibali, Majka se fait finalement rattraper par le trio Pinot-Van Garderen-Péraud se cale dans leur roue et va chercher le classement de la Montagne. Devant, le Maillot Jaune est intouchable, le Sicilien a du cran.

Au soir de cette dernière étape pyrénéenne, Vincenzo Nibali devance désormais deux français : Thibaut Pinot (second) à 7’10 et Jean-Christophe Péraud (troisième) à 7’23. Alejandro Valverde pointe désormais à la 4ème place à 7’25 du leader.