A  désormais 30 ans, le mayennais vient de réaliser une très belle saison et compte bien continuer sur sa lancée pour se rapprocher des tous meilleurs sur les classiques, courses qu’il affectionne tout particulièrement et dont il est souvent leader au sein de son équipe. Équipier modèle le reste de l’année, Vincent Jérôme nous en dit notamment plus sur la préparation hivernale d’un coureur cycliste, sur la non-reconduction de son équipe de toujours en World Tour et ses objectifs pour la saison à venir.

Comment se passe la préparation hivernale d’un coureur cycliste ?

J’ai repris l’entrainement depuis le 15 novembre. Pour ma part, je fais de la musculation avec une préparatrice physique qui s’occupe de moi, un peu de cyclo-cross, de vélo sur route et  je rajoute des fois un footing, voir un peu de piscine en supplément. Cette année j’ai fais pas mal de squash car une salle viens d’ouvrir à côté de chez moi, c’est différent cela me change du vélo. Après le 1er janvier, c’est le point culminant de la préparation hivernale car on est plus qu’à un mois de la compétition. Du 12 au 21 janvier j’ai un stage de préparation avec l’équipe à Calpe  en Espagne donc ce sera le dernier point d’orgue de préparation avant le début de la saison.

Un coureur peut-il se permettre des écarts nutritionnels pendant les périodes de fêtes ?

On arrive à se faire plaisir, c’est quand même les fêtes de fin d’année cela reste un moment convivial où l’on a envie de profiter parce que l’on sait qu’il s’agit des dernières grosses fêtes que l’on peut faire avant très longtemps. En tout cas, je sais que personnellement je profite de ces derniers moments avant la compétition. Toute l’année nous devons faire très attention donc il s’agit de rares moments où l’on profite.  Je ne peux pas non plus dire que je fais de gros écarts mais je me fais quand même plaisir.

Pour  revenir sur l’année dernière, êtes vous satisfait de votre saison?

Cela s’est bien passé, j’ai fais une saison complète. Je n’ai pas eu de trop grosses blessures j’ai donc pu courir comme j’ai voulu. En première partie, j’étais sur les classiques où cela s’est bien passé. Je suis satisfait de mon Tour des Flandres mais il y a une déception de ne pas avoir finis dans le top 10 même si 11ème cela reste une place honorable. Cela s’est également bien déroulé sur les 3 jours de la Panne où j’ai finis 6ème du général qui est une course importante de cette période. Les classiques du Nord me conviennent. Après, il faut toujours une part de chance sur ce type de course car se sont des courses de mouvements, assez dangereuses où l’on peut chuter  ou avoir une crevaison à n’importe quel moment. Il faut de la réussite mais moi je n’ai pas eu trop de soucis, je ne suis pas tombé, je n’ai pas eu de crevaisons. Il faut prendre tous les éléments en compte car ce n’est pas des courses simples mais pour moi cela s’est bien passé.

N’y a-t-il pas un regret de ne pas avoir été sélectionné pour  le Tour de France ?

J’étais dans la présélection de l’équipe mais je suis tombé sur le Dauphiné-Libéré et je me suis cassé deux côtes donc cela a remis ma participation en cause mais de toute façon je n’étais pas apte à y aller donc c’est plutôt une bonne chose de ne pas y avoir été.  Je n’étais pas à 100% donc il faut savoir être réaliste et laisser sa place aux autres.

Vous avez néanmoins su répondre présent peu de temps après.

Oui, mon programme était ensuite adapté afin d’être prêt pour la Vuelta. Pour me préparer, j’ai été sur le Tour de Wallonie puis sur l’Eneco Tour. J’ai d’ailleurs fais un bon Eneco Tour car j’ai terminé 19ème du général pas très loin des meilleurs mais je suis déçu car j’y  suis allé avec la Vuelta en tête; à l’origine  je n’y allais donc pas pour bien figurer dans le classement mais au vu de ce que j’ai fais je pense que si je me serais spécifiquement préparé pour cette course j’aurais pu finir dans le top 10. Cela n’est que partie remise et j’essayerai de faire mieux cette année si l’équipe est invitée. En ce qui concerne la Vuelta j’y allais en tant qu’équipier car Romain Sicard était notre leader pour le classement général. L’objectif reste de finir son Grand Tour donc c’est déjà une chose que j’ai pu faire mais sinon il faut avouer que d’un point de vue personnel il n’était pas super. Il y a une une étape ou j’ai finis 15ème du sprint ce qui n’est pas mon habitude mais il y avait un secteur pavé à 3 kilomètres de l’arrivée qui a étiré le peloton et on s’est retrouvé à 30 devant. Ne pas faire de sprint de l’année n’a pas joué en ma faveur face a des coureurs comme John Degenkolb ou Philippo Pozzato. Concernant l’équipe on était plutôt contents de notre Vuelta car Romain Sicard a pu finit treizième du général, ce qui reste une très belle place sur un Grand Tour.

Pas mal d’opportunités donc mais cela n’a malheureusement pas suffit pour aller chercher une victoire.

Cela reste toujours difficile de gagner chez les professionnels, il n’y en a pas beaucoup qui remportent des courses dans l’année. Des sprinteurs comme Arnaud Démarre, Bryan Coquard ou Nacer Bouhanni peuvent gagner plus souvent que des coureurs comme moi donc les rares fois où l’on a l’occasion il faut essayer de ne pas se rater et savoir saisir les opportunités. Personnellement je peux avoir une équipe autour de moi de la mi-mars à la mi-avril donc j’en profite car c’est toujours sympa d’être leader sur des courses de prestige comme le Tour des Flandres, le Grand PrixE3 ou les Trois jours de la Panne. L’état d’esprit de l’équipe est bon et je sais que j’ai ma période et qu’après je dois faire mon travail d’équipier du mieux possible.

Quel sera votre programme de compétition en ce début de saison ?

Je risque de commencer la compétition fin janvier à Majorque comme l’an dernier sauf que c’est un peu plus tôt. Je vais ensuite enchainer les courses pour être prêt sur les classiques et essayer de faire encore mieux que l’année passée.

Le Team Europcar n’a pas été reconduit en World Tour pour raisons financières,  n’y a-t-il pas une crainte de votre part que l’équipe ne soit plus invitée sur les plus grandes courses du circuit ?

Il nous manquait 5% du budget suffisant pour rester  dans cette division. L’UCI nous a recalé donc on évoluera en Continentale Pro cette saison. C’est sur qu’on ne pourra pas faire toutes les courses que l’on a faites cette année. En France, les organisateurs privilégient les équipes françaises donc ce sera la même chose pour les organisateurs étrangers qui invitent en priorité les équipes de leur pays. C’est malheureusement ce qu’il se passe quand on n’a pas la chance d’être en World Tour mais  on a déjà connu cela en 2011-2012.

N’y a-t-il pas un sentiment de frustration de votre part lorsque vous voyez une équipe comme Astana reconduite en World Tour alors qu’elle a connu des cas de dopage?

Il y a des choses qui me dépassent un peu. Que l’UCI nous prenne pas nous c’est une chose mais après quand Astana qui a connu des problèmes non pas financiers mais de l’ordre éthique avec des contrôles anti-dopage positifs soit reconduite… Je me rends compte qu’il n’y a pas grand-chose qui change dans notre sport parce qu’il y a toujours des coureurs qui trichent et des équipes qui ont plus ou moins des passe droits donc je trouve cela dommage de ne pas avoir réprimandé Astana.

Avoir un coureur comme Nibali dans l’effectif  a peut-être influencé la décision de l’UCI.

C’est sûr qu’avoir un coureur du calibre de Vincenzo Nibali qui a gagné le Tour de France et se dire que son équipe n’est pas dans le World Tour cela aurait fait bizarre. Maintenant le pénaliser lui alors qu’il n’a rien fait n’aurait pas non plus été une solution. Après, c’est toujours difficile de dire que les cas de dopage sont de la faute du manager mais quand on connait les dossiers que celui-ci a*, il faut à un moment se dire que l’on arrête les bêtises.

Le débat sur la présence des oreillettes pendant les courses a été relancé, quel est votre opinion à ce sujet ?

Pour moi, il y a du bon et du mauvais. Le fait de supprimer les oreillettes rendrait les courses plus spectaculaires car les informations des directeurs sportifs mettraient plus de temps à remonter au sein du peloton et les coureurs seraient en quelque sorte moins robotisés et pourraient prendre plus d’initiatives. Cependant, avec l’oreillette on est rapidement informés s’il y a un danger sur la route, un chien en liberté par exemple donc c’est un avantage pour ca, mais je reste plutôt favorable à la suppression des oreillettes sur toutes les courses.

Qu’en pensent les autres coureurs ?

Je n’en n’ai jamais trop parlé avec des coureurs. Il faudrait faire un vote et que chacun exprime son opinion car se sont les dirigeants qui prennent ce type de décisions. En tant que coureurs notre voix reste minime mais on est pourtant plus nombreux et cela reste nous qui faisons la course. Organiser un vote pour savoir le pourcentage de coureurs pour et contre cela pourrait peut-être faire avancer les choses mais cela n’a pas encore été fait.

*Vincent Jérôme fait ici référence à Alexandre Vinokourov, actuel manager général de l’équipe Astana qui a été contrôlé positif en tant que coureur et dont plusieurs cas de dopage ont également concernés l’équipe qu’il dirige.

Un grand merci à Vincent Jérôme qui nous a gentiment accordé de son temps pour répondre à nos questions.

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