Les Açores : l’archipel où tout commence  

Pedro Miguel Carreiro Resendes, dit Pauleta, nait un 28 avril 1973 sur l’ile de Sao Miguel aux Açores. C’est au sein de ces iles, situées à 1500km de Lisbonne, que Pedro débute ses classes en tant que footballeur. Petit déjà, le football est sa grande passion, lui qui « passe ses journées à jouer au foot sur la place de San Roque, à quelques pas de la maison famille » selon les dires de son père, Manuel. Son premier club, le CD Santa Clara, Pauleta y entre assez tard, à l’âge de 9 ans. Numéro 6 sur le dos, Pauleta est au-dessus du lot et possède déjà ce sens inné du but qui caractérise les grands attaquants. Antonio Duarte, son entraineur de l’époque souligne ce trait de caractère, qu’on pourrait presque définir comme un don : « Il ne voyait que le but : c’était l’homme-but ». Remarqué par les recruteurs du Benfica Lisbonne, Pauleta s’envole vers le continent dès l’âge de 14, la tête pleine de rêves, mais le cœur gros de quitter les siens…il n’y restera que 15 jours, ne se sentant pas à sa place.

Sa carrière de jeune se poursuit dans son club d’enfance de Santa Clara jusqu’en 1991. A 18 ans, sa carrière stagne et Pauleta rejoint le CD Operario (modeste club Açorien en 3ème division portugaise), qu’il va marquer de son empreinte. Il va survoler le championnat et terminer meilleur buteur de la coupe du Portugal, son club étant éliminé en quart de finale (historique pour un club de troisième division. A 21 ans, il rejoint les grands en signant au CF Uniao, club de première division. Pauleta fait rapidement l’unanimité et s’impose sur le devant de l’attaque de l’Uniao en jouant 23 matchs et marquant à 11 reprises. Malheureusement, ce bon bilan ne suffit pas pour maintenir son club qui termine 16ème  et qui se voit donc relégué en deuxième division.

Le jeune açorien auteur d’une belle saison prend un risque en signant à Estoril, club de seconde division. Le risque s’avère payant puisqu’il termine meilleur buteur du championnat avec 19 pions à son compteur lors de la saison 1995/1996. Une statistique qui fait parler, notamment en Espagne et à Salamanque qui s’intéresse grandement à cet attaquant bourré de talent. Libre de tout contrat, Pauleta n’hésite pas et répond positivement à l’appel de Salamanque. Le voilà en « Segunda Division », après avoir écumé les différents niveaux du championnat portugais : l’heure est désormais à la révélation.

La Liga : une étape importante

Salamanque est à l’époque en deuxième division (aujourd’hui liquidé pour cause de dettes) et possède dans ses rangs des joueurs talentueux comme Michel Salgado. Pauleta arrive sur la pointe des pieds, et réussit à s’imposer au fur et à mesure. Lors de sa première saison, Pauleta fait banquette, ne jouant que 2 matchs en championnat pour …3 buts !  Malgré une présence réduite, cette saison reste importante pour une raison majeure: c’est la première fois qu’il va déployer ses ailes. Cette fameuse célébration quand il marque, les bras écartés représentant l’Acore, oiseau emblématique de ses iles natales, vont marquer le Portugais et faire naître le surnom de « l’Aigle des Açores », en hommage à ses racines.

La saison suivante c’est la révélation : pour son premier exercice en Liga, il explose en marquant 15 buts en 34 matchs Une saison canon qui lui permet de rejoindre la sélection portugaise pour la première fois le 18 novembre 1998 lors de Portugal/Israël (2/0). C’est le début du rêve pour Pauleta, qui est transféré en fin de saison vers une grosse écurie du championnat ibérique : le Deportivo La Corogne. Une superbe affaire pour le « Depor » qui va récupérer l’attaquant portugais gratuitement, alors âgé de de 25 ans et libre de tout contrat. Titulaire important, mais pas incontesté, Pauleta réalise une première saison correcte, avec 10 buts en 28 matchs. La suivante est du même acabit : il marque à 8 reprises en 30 matchs de championnat, mais le sacre est ailleurs. Le Deportivo réalise un exercice 1999/2000 exceptionnel et remporte le championnat avec cinq points d’avance sur son dauphin : le FC Barcelone. Malgré le titre de champion, et la Supercoupe remporté contre l’Espanyol Barcelone (0/0 ; 2/0), Pauleta n’entre plus dans les plans de l’entraineur de l’époque, Javier Irureta.

Au soir du 31 août, les Girondins de Bordeaux n’ont toujours pas trouvé de véritable numéro 9 à mettre à la pointe de leur attaque. Les dirigeants vont se positionner sur Pauleta, et conclure l’affaire dans les dernières heures du mercato. Le transfert est bouclé, aux alentours de 11 millions d’euros. Une somme qui peut paraître élevé à l’époque, mais qui sera par la suite largement compensée…

Le FCGB : le début d’un amour à la française

C’est donc au début du mois de septembre 2000 que Pauleta pose ses valises sur les bords de la Garonne. Son âge, 27 ans, et le prix de son transfert font du bruit dans le championnat français. Certains parlent d’un recrutement par manque de choix, et d’autres d’une arnaque. Pauleta va répondre sur le terrain. Le 6 septembre, cinq jours après son arrivé au club, le portugais est titulaire sur la pelouse de la Beaujoire pour y affronter le FC Nantes, double tenant du titre de la Coupe de France et qui sera sacré cette année-là champion de France. Pauleta ne va pas faire dans la demi-mesure, et dès son premier match il inscrit un triplé et se révèle aux yeux du public Français. Lors de la saison 2000/2001 il explose les compteurs et contribue grandement à la 4ème place du club Bordelais : 20 buts en 28 matchs de championnat, juste derrière le grand Sony Anderson et ses 22 buts. La saison suivante c’est bis-repetita, Pauleta finissant co-meilleur buteur (toujours au côté du brésilien) avec 22 réalisations, portant les Girondins à une sixième place en dessous des objectifs initiaux.

Consolation pour le club Bordelais : la coupe de la Ligue remporté contre le Lorient d’un certain Jean-Claude Darcheville (3/0), grâce notamment à un superbe ciseau retournée sur une passe de Dugarry. Un but dans les annales qui va rejoindre certains marqués par le Portugais sous les couleurs Bordelaises : sa superbe reprise de volée inscrite contre Guimgamp en 2001, son inspiration géniale du milieu de terrain au Parc des Princes en octobre 2000, une frappe puissante des 30 mètres contre Strasbourg en août 2002…

Récompense suprême : le portugais est élu meilleur joueur du championnat, titre décerné par ses pairs. Il le sera aussi l’année suivante, preuve de l’excellence de ce joueur au sein des Girondins de Bordeaux.

La saison 2002/2003, Pauleta continue sur son rythme de croisière, marquant 23 buts en championnat et permettant à son club de retrouver l’Europe grâce à une 4ème place. Le mercato arrive, et les rumeurs deviennent de plus en plus importantes concernant son départ. En effet,  à 30 ans, le Portugais veut relever un nouveau challenge. Lors de son dernier match avec les Girondins, Pauleta inscrit un doublé contre le LOSC à Chaban Delmas et sort en larmes sous l’ovation du public. Le départ est programmé et accepté par les supporters, plus que reconnaissants envers le Portugais qui restera à jamais dans leurs cœurs. Bilan comptable : 130 matchs, 91 buts. Respect.  

Le Paris Saint Germain, qui reste sur une triste 11ème place, cède Ronaldinho cet été-là à Barcelone et dispose d’une enveloppe intéressante pour ce mercato. Le club parisien obtient les services du buteur Portugais contre une indemnité de 11 millions d’euros. C’est le début d’une histoire d’amour fusionnelle entre le club de la capitale et l’aigle des Açores.

Le PSG : Un amour inconditionnel

Le PSG est depuis peu aux mains de Francis Graille (Président) et de Vahid Halilhodzic (entraineur). Pauleta a la lourde tâche de faire oublier le chouchou du Parc : Ronaldinho. Compliqué, mais loin d’être impossible. Pour sa première saison au PSG, il inscrit 18 buts en championnat et contribue à la belle saison parisienne, ponctuée d’une seconde place et d’une coupe de France remportée face à Châteauroux. Lors de cette finale, Pauleta est à nouveau décisif en marquant l’unique but du match sur un service de Fiorèse. L’entente entre ce dernier et Pauleta est d’ailleurs étonnante : Fiorèse termine deuxième meilleur passeur du championnat (11 passes) et aide Pauleta à gonfler ses statistiques. Malheureusement, il quitte le navire direction le rival marseillais en compagnie de Dehu dès la saison suivante, en même temps que d’autres joueurs importants (Sorin, et Heinze).  Le PSG ne remplacera pas la qualité de ces 4 titulaires et se verra ridiculiser en Ligue des Champions en finissant 4ème de sa poule, Pauleta marquant néanmoins son unique but en Ligue des Champions contre…le FC Porto ! C’est tout le club parisien qui s’effondre cette saison, finissant à une triste 9ème place. Pauleta ne surnage pas et finit avec un exercice personnel moyen (14 buts en 36 matchs), loin de son standing habituel.

La saison 2005/2006 sera totalement différente pour le portugais qui marque à 21 reprises et est sacré meilleur buteur du championnat de France pour la première fois. Néanmoins, la saison collective est moins bonne sous les houlettes respectives de Laurent Fournier puis de Guy Lacombe. Le PSG fint encore une fois à la 9ème place mais remporte un titre : la coupe de France. Il s’agit-là du premier trophée pour Pauleta au PSG. Le Portugais sera d’ailleurs l’un des joueurs marquant de cette édition grâce à un sublime but en demi-finale contre le FC Nantes dans les ultimes secondes. Une reprise de volée en pleine course qui vient se loger sous la barre de Landreau et ainsi offrir le stade de France au PSG.

Durant l’été 2006, de nombreuses approches sont faites par Jean Michel Aulas pour faire signer le portugais à Lyon. La rumeur sera de courte durée, Pauleta prolongeant son contrat avec le club parisien. Durant l’exercice 2006/2007, il annonce vouloir finir sa carrière au club et devient plus que jamais l’idole du Parc. Cette saison sera dramatique pour le club d’un point de vue sportif, qui va voir Guy Lacombe quitter ses fonctions en janvier au profit de Paul Le Guen. Ce dernier jouera un rôle majeur dans la fin de carrière de Pauleta. Le Portugais fini sa saison avec 15 buts pour 33 matchs, mais n’est déjà plus titulaire indiscutable malgré un nouveau titre de meilleur buteur du championnat. Le PSG termine à une piteuse 15ème place cette année-là.

La saison 2007/2008 restera comme l’une des plus difficiles d’un point de vue émotionnel pour le Portugais. Dès le début de saison il sent que la confiance n’est plus là du côté de Paul Le Guen. En coupe, le 30 octobre, il marque un doublé contre Montpellier et devient le co-meilleur buteur du club parisien avec 100 buts, à égalité avec Rocheteau. Il devra patienter jusqu’au 15 décembre pour le dépasser et rentrer dans l’histoire du club Parisien, lors d’un match contre Toulouse. Adulé de tout un peuple, le statut de remplaçant de l’attaquant portugais  est contesté par le public qui ne comprend pas ce choix, alors que le PSG est en grande difficulté en championnat. Il retrouve peu à peu une place dans le onze de Paul Le Guen, et va de nouveau être décisif en mars 2008 lors de la finale de la coupe de la Ligue contre le RC Lens. Le PSG l’emporte 2/1 grâce à Pauleta, auteur d’une frappe millimétrée face à Runje. Ce titre sera le dernier pour le capitaine Parisien, qui va ensuite se battre pour empêcher le PSG de descendre en Ligue 2. Contre Nantes, il va inscrire un doublé dans un match décisif qui permet au club de respirer. Il jouera son dernier match au Parc contre l’ASSE lors de la 37ème journée (1/1) et quittera définitivement les pelouses de Ligue 1 à Sochaux en laissant son club dans l’élite (victoire 0/2 qui permet au PSG de se sauver). Son dernier match officiel en France aura lieu face à Lyon en finale de coupe de France la même année, finale que le PSG perdra 1/0 en prolongation.

Comme lors de son passage à Bordeaux, difficile de ressortir ses plus beaux buts tant ils sont nombreux. Bien entendu, on pense tout de suite aux buts marqués contre l’OM, notamment face à Barthez. La voie de Gilardi résonne encore dans les têtes des supporters parisiens : « Il trouve le cadre, c’est un geste de génie, Pedro Miguel PAULETA ! ». Cette frappe enveloppée au niveau de la ligne de corner, puis en 2006 son bijou enroulé qui trouve la lucarne d’un Fabien Barthez resté sur ses appuis, comme abattu. On peut aussi noter sa reprise de volée tout en équilibre contre Ajaccio au Parc des Princes, son but si important contre Lyon pour maintenir la deuxième place en 2004, ou encore contre Nantes lors de la terrible saison 2007/2008…

Bilan comptable du Portugais au PSG : 211 matchs, 109 buts, ce qui en fait le plus grand buteur du club, et l’un des joueurs favoris du peuple parisien. En France, il aura laissé son empreinte avec 200 buts en 341 matchs en huit ans  : chapeau l’artiste.

Et la sélection dans tout ça ?

S’il a brillé en club, et cela malgré une éclosion tardive, Pauleta est aussi entré dans la légende en sélection nationale. Il est sélectionné pour les éliminatoires de la coupe du monde 1998 à trois reprises contre l’Arménie, l’Allemagne, et l’Irlande du Nord, mais ne joue que des bouts de matchs et  n’est pas retenu par Arthur Jorge pour la disputer. Son premier but, Pauleta le marque en match amical contre l’Andorre (4/0) le 18 aout 1999 lors de sa 5ème sélection. Ses belles performances au Deportivo et surtout sa première saison étincelante à Bordeaux permettent à l’attaquant Portugais de se faire une place régulière dans le groupe. Il est donc logique de le voir sélectionné pour l’Euro 2000, lui qui a marqué à deux reprises en qualifications. Néanmoins, la déception se fait à nouveau sentir, Pauleta ne disputant qu’un seul match lors de cet Euro, contre l’Allemagne.

C’est réellement à partir de 2002 qu’il va commencer à laisser son empreinte sur le groupe et prendre une place importante dans le 11 titulaire. En Corée lors du mondial, il est titulaire lors des trois matchs de poules et marque un triplé contre la Pologne. Malheureusement cela ne sera pas suffisant, le Portugal perdant ses deux autres matchs (contre la Corée du Sud et les Etats Unis). Qu’importe, le trou est fait. Après ce mondial, Pauleta va enchainer et marquer 11 buts lors des 16 matchs amicaux que va jouer le Portugal entre cette coupe du monde et son Euro qu’il organise en 2004. Titulaire à la pointe de l’attaque, cet Euro sera un vrai coup de frein pour Pauleta, incapable de trouver le chemin des filets malgré un beau parcours du Portugal, qui perdra en final contre la Grèce (0/1).

En 2005, Pauleta réalise le rêve de tout footballeur. En effet, Eusebio mythique attaquant portugais des années 1960/1970 est encore le  meilleur buteur de l’histoire de la sélection portugaise avec 41 unités. Le 12 octobre 2005, le Portugal reçoit la Lettonie et Pauleta a le record en vue, lui qui en est déjà à 40 buts. Le Portugal l’emporte facilement 3/0 et l’attaquant portugais marque un doublé : il rentre ainsi dans l’histoire de son pays.

Il marque ensuite quelques buts en matchs de préparation pour le mondial Allemand de 2006, et va connaître une nouvelle désillusion cette année-là en perdant en demi-finale de cette compétition contre la France (1/0). Durant ce mondial, Pauleta marque un but contre l’Angola, ce qui en fait le deuxième meilleur buteur de l’histoire du Portugal en coupe du monde (4 buts), derrière le grand Eusebio (9 buts). Ce but, le 47ème,  sera le dernier en sélection pour Pauleta qui annonce sa retraite officielle après une défaite contre l’Allemagne lors du match pour la troisième place (défaite 3/1).

Cristiano Ronaldo a donc égalé son record en sélection hier soir grâce à un triplé ô combien important en Suède. L’aigle des Açores sera dépassé dans très peu de temps par la machine madrilène, mais il aura de quoi être fier. Une carrière exemplaire qui l’a vu être adulé par les supporters Bordelais et Parisiens, en passant par des records personnels historiques, que ce soit au PSG ou en sélection. Ce joueur, qui est retourné dans ses îles natales après sa carrière, a toujours été respecté dans le milieu pour sa simplicité et son talent de buteur hors normes.

Pedro Miguel Carreiro Resendes, tu es, et tu resteras toujours, un grand de ce milieu. Et comme a dit le Parc le jour de ton dernier match : « Obrigado Pedro ».