En ces lendemains de Noël, le réveillon se proursuit pour le club de Grenoble. Pensionnaire de Ligue 1 de 2008 à 2010, le GF38 s'apprête à recevoir l'Olympique de Marseille, dans son magnifique Stade des Alpes, à l'occasion des 32èmes de finale de la Coupe de France.

Après de graves difficultés sportives et financières qui les ont conduit dans les bas-fonds du football français, les Isérois évoluent aujourd'hui en CFA et leurs supporters sont plus accoutumés aux mornes déplacements à Saint-Priest ou à Chasselay qu'à la réception du leader du football hexagonal. Autant dire que la rencontre représente un évènement considérable pour un GF38 qui a perdu l'habitude de telles festivités, bien qu'il soit premier de son groupe de CFA et, donc, très sérieux candidat à l'accession au National.

Au Stade de la Poterne, dans les locaux du centre d'entraînement du club alpin, nous avons retrouvé Olivier Saragaglia, l'entraîneur grenoblois. Avec lui, nous avons évoqué l'OM, bien sûr, mais aussi le CFA, le Stade des Alpes, cet écrin de 20 000 places, parmi les plus beaux d'Europe, et les ambitions du GF38. Interview.

Bonjour. Pourriez-vous nous résumer le parcours du GF38 en Coupe de France cette saison ?
Le dernier match, c'était à Pézenas. On a gagné 2-1, aux prolongations. Avant Pézenas, il y avait Saint-Marcelin, on a gagné 1-0. Ca n'a pas été facile. Les conditions n'étaient pas évidentes, les terrains étaient difficiles. C'était compliqué.

Avant le tirage au sort des 32èmes de finale, quelles étaient les espérances du groupe ? Affronter une grosse écurie ou une équipe de niveau plus faible ?
C'était ce qu'on a eu. On voulait avoir l'opportunité de rencontrer une grosse équipe de Ligue 1. On a été gâtés.

Grenoble peut-il faire l'exploit contre Marseille ?
En Coupe de France, tout est permis. Quand on voit à quel point on a souffert contre des équipes inférieures, pourquoi ne ferait-on pas souffrir Marseille ? Si on a une chance sur cent de passer, on va essayer de la jouer à fond, même si ça ne va pas être facile.

Quelles seront les clefs de la réussite ?
Il faudra rester nous-mêmes, jouer notre jeu. Mais il ne faudra pas se prendre la tête ni se mettre de pression supplémentaire. Il faudra vraiment jouer notre jeu, en sachant qu'il faudra être un peu plus costauds qu'en Championnat, un peu plus agressifs, un peu plus concentrés. Il faudra que chaque joueur soit à 200% pour pouvoir réussir quelque chose.

La pression du Stade des Alpes peut-elle être un avantage pour le GF38 ?
Si le public est acquis est à notre cause, oui, bien sûr. Après, il y a beaucoup de supporters marseillais à Grenoble. Mais c'est la Coupe de France, le public va nous pousser. Le Stade sera plein. Ca peut nous transcender. Marseille a l'habitude de jouer dans des stades pleins, nous ne l'avons pas.

La rencontre se déroulera le lendemain d'un match de rugby, entre Grenoble et Oyonnax. La pelouse rique d'être en mauvais état.
Oui, elle ne sera pas terrible avec le rugby la veille. C'est dommage pour une telle affiche. Mais de toute façon ne peut pas faire autrement. On s'adaptera.

Pour le GF38, le partage du Stade avec le FCG (le club de rugby grenoblois) semble être un inconvénient.
Le problème est surtout au niveau de la pelouse. Après, qu'ils aient le Stade, c'est normal, ils sont en Top14.

La relation entre le GF38 et le FCG est-elle difficile à cause du Stade ?
Peut-être entre les dirigeants. Mais personnellement, je m'entends très bien avec Fabrice Landreau (l'entraîneur du FCG, ndlr.). C'est quelqu'un que j'apprécie beaucoup, qui fait un boulot énorme. Je n'ai rien contre le rugby.

Parlons de la CFA. Le GF38 est leader de son groupe. La montée est envisageable ?
Oui, bien sûr, on est là pour ça. C'est le plus important. Pour moi, le match à Montpellier ce week-end* est plus important que le match contre Marseille. Il ne faut pas se tromper d'objectif. Le nôtre est la montée, la Coupe de France, ce n'est que du bonus.

"Il ne faut pas se tromper d'objectif. La Coupe de France, ce n'est que du bonus"

Que se passera-t-il si Grenoble échoue à monter en National une troisième fois d'affilée ?
Moi, je ne serai plus là. C'est le deal que j'ai avec les dirigeants. Si je monte je continue, si je ne monte pas, j'arrête. C'est le football. Après, le club continuera à vivre, il essaiera de monter l'année suivante. Mais faire quatre ans en CFA, ce n'est pas évident.

Grenoble est-il favori par rapport à des clubs comme Marignane ou comme Béziers, potentiels concurrents à l'accession ?
Oui, on a plus de moyens financiers et je pense que notre effectif est supérieur au leur. On a un groupe de qualité. Ca va être difficile, mais on a les cartes entre nos mains.

Grenoble va-t-il recruter en janvier ?
Non. L'effectif restera le même.

Nassim Akrour**, quarante ans, est le plus connu des joueurs du GF38. Va-t-il-poursuivre l'aventure la saison prochaine ?
On verra avec lui, on verra si on est en National. Mais si physiquement il est encore bien, il pourra toujours nous rendre service.

Pour le GF38, quel est l'objectif sur le long terme ?
C'est de retrouver, au moins, la Ligue 2.

* Interview réalisée le jeudi 18 décembre. Le samedi 20, Grenoble s'est imposé 1-0 sur la pelouse de Montpellier B, grâce à un penalty inscrit par Nassim Akrour.

** 75 matchs (12 buts) disputés dans l'élite entre 2008 et 2010, sous les couleurs du GF38

Un grand merci à Olivier Saragaglia qui a aimablement répondu à nos questions.