AU PSG, seule la conduite ne s’achète pas

12 Mai à Gerland aux alentours de 23h. Le PSG s’impose face à Lyon (0-1) et valide son 3e titre de champion de France, après les deux premières couronnes de 1986 et 1994. Nous sommes loin de se douter des manifestations qui vont suivre. Récit d’un club à la vie agitée, tant dans la défaite que dans le succès.

AU PSG, seule la conduite ne s’achète pas
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Par Walid Kachour

Tout laissait à croire que la fête serait totale ce lundi au Trocadéro. Exit les déceptions sportives ou encore les incidents extra sportifs. Une saison quasiment parfaite (premier titre de champion depuis 19 ans, élimination en ¼ de finale (une première depuis 18 ans) de la C1 contre Barcelone)) et de belles promesses cette saison avec des éléments inamovibles qui ont prouvé tout au long de la saison qu’ils méritaient la consécration nationale (Matuidi, Zlatan, Thiago Silva entre autres).

Mais le spectre du PSG est réapparu au-dessus de sa tête : celui de la violence et de l’anti-football. Et ce au moment le plus inattendu. Ce lundi, alors que des milliers de supporters du club de la capitale attendaient les champions 2012-2013 pour fêter en bonne et due forme le titre Hexagoal, des poignées de « supporters » si l’on peut appeler cela comme ça se sont emparés de l’espace médiatique qu’a suscité le titre parisien pour faire entendre on ne sait quoi, si ce n’est l’imbécilité et la déchéance qui sera associé durant plusieurs semaines à un club qui a voulu marquer les esprits de la face du monde en fêtant le titre sur l’une des plus belles places du monde, avec la Tour Eiffel en toile de fond.

Pillages, cassages, affrontements : des mots qui sont souvent revenus dans les contenus médiatiques ces dernières heures pour décrire la situation de K-O social dans laquelle a basculé ce qui devait être la grande fête pour un club qui n’a pas encore fini de panser ses plaies, malgré cette nouvelle ère que QSI tend à vouloir écrire, depuis sa rentrée dans le capital du club à l’aube des années 2010.

Les scènes de drame ont été évitées de peu, après les tragiques décès de Julien Quemener en 2006 et Yann Lorence en 2010 aux abords du parc. Le plan Leproux mis en place pour solutionner ce genre de dérives et salué par beaucoup semble aujourd’hui connaitre ses limites car à la moindre occasion, ces « pseudo-supporters » s’engouffreront dans la brèche.

La première question est de savoir qui est cette minorité qui a gâché la fête de toute une ville et de tout un peuple acquis à la cause des hommes de la capitale,  plébiscite symbolisé par Mamadou Sakho, l’enfant de Paris et qui ressort vainqueur à l’applaudimètre lors de la triste remise de trophée, qui a certes enflammé la dizaine de milliers de supporters mais qui n’a même pas duré dix minutes. Est-ce des casseurs éparpillés dans Paris et l’ile de France et qui sont venus dans des dessins totalement extérieurs au club ? Des indépendants ? Des anciens ultras des associations comme les « Boulogne Boys » ou encore « Supras Auteuil » ?

La deuxième est de savoir qui est réellement à incriminer : hormis les fauteurs de troubles, les failles dans le dispositif implique les différents acteurs de la sécurité publique, dont l’Etat. Le ministre de l’intérieur a été pris pour cible, jugé défaillant dans l’évaluation des risques potentiels que pouvait entraîner cet événement. Le préfet de police qui a déployé 800 hommes et lui aussi dans le collimateur et beaucoup réclament sa démission.

En attendant, les dégâts sont colossaux : la balade sur le pont de l’Alma a été annulée le soir même des incidents. La cérémonie à l’hôtel de ville de Paris prévue pour Mercredi également. Il a été annoncé également que plus aucune manifestation de célébration n’aura lieu dans Paris, par la voix de la préfecture de police. Les joueurs se sont enfermés dans l’enceinte du Parc des Princes et sont partis d’un bus aux vitres teintées pour aller fêter le titre dans la boite parisienne du Queen. Aujourd'hui, douze personnes sont jugées en comparution immédiate

Dans ce club pas comme les autres, un seul élément n’a pas été réglé par le flux de pétrodollars qataris : la bêtise. Mais les représentants de l’Emirat vont devoir vite trouver les solutions adéquates pour éviter que ne se réitère ces tristes scènes, afin que le « Rêvons plus grand » prenne enfin tout son sens.

Cet énième triste épisode auquel sera malheureusement associé l’un des clubs les plus populaires de France aura au moins le mérite d’évaluer le degré de promptitude et d’implication des dirigeants de QSI pour palier à ces anomalies externes au club. Car la grandeur d’un club ne se détermine pas seulement sur le critère financier (demandons à Tony Fernandes, le patron de QPR relégué en Championship malgré une pléiade de joueurs recrutés) et des résultats (demandons à Karl Heinz Rummenigge, dont le club, qui est à deux matchs d’un triplé historique Coupe-Championnat-Ligue des Champions, est un modèle sur et hors terrain). En attendant, évitons les amalgames douteux et les raccourcis malveillants d'individus qui se placent au même niveau que les responsables du fiasco. Car la bêtise n'a pas de couleur ni d'origine, elle est malheureusement universelle.