Dans un pays où le baseball, le hockey, le basketball et le football américain sont rois, le soccer (nom attribué par les américains au football européen traditionnel) n'est jamais parvenu à rivaliser et à se frayer une place parmi les grands sports aux États-Unis. Cela s'explique particulièrement par la perception de ce sport sur le continent américain, un sport considéré comme importé par les immigrants, et particulièrement par les anglais. L'évenèment qui fit de la lumière sur ce sport méconnu à l'époque fut de loin l'organisation de la Coupe du Monde 1994 sur le sol américain, qui eut un immense succès dans le pays. Par la suite, un championnat professionel vit le jour en 1996, la Major League Soccer. Cette MLS est de nos jours en pleine expansion, et se présente comme un championnat de plus en plus suivi aux États-Unis, mais également à travers le monde. Aujourd'hui, le soccer est mis en avant dans le pays notamment grâce à l'équipe féminine, qui se situe aujourd'hui à la première place du classement officiel de la FIFA, avec deux Coupes du Monde à son actif remportées dans les années 1990. L'équipe masculine quant à elle, se situe à la 14ème place de sa catégorie. Et si le soccer n'aurait il pas finalement trouvé sa vraie place?

Les américains furent impériaux lors d'une grande partie des qualifications. Malgré un départ relativement raté, avec une défaite 2-1 en Honduras, l'affaire fut vite réglée pour participer à leur 10ème Coupe du Monde. Après une ambiance retrouvée, un collectif ressoudé, les Stars and Stripes enchaînèrent sans la moindre défaite, comptabilisant 7 victoires pour 2 matchs nuls, avec un total de 15 buts inscrits pour seulement 8 encaissés. C'est ainsi sans difficultés que les États-Unis s'adjugèrent la première place de leur groupe de qualifications, à 4 points devant le Costa Rica. Le sélectionneur Klinsmann s'est notamment permis de faire de nombreux essais, n'ayant presque jamais gardé le même schéma tactique et 11 de départ. De nombreux changements et repositionnements furent opérés par le sélectionneur, à l'image du surprenant Jozy Altidore, auteur de 4 buts lors des phases éliminatoires.

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L'équipe des États-Unis est principalement constituée de joueurs expérimentés, formant une certaine homogénité au sein de l'effectif. Un onze-type serait très difficile à établir tant Klinsmann a changé son dispositif et ses joueurs durant les matchs de qualification et les récents matchs amicaux. Cependant un seul problème persiste, quel que soit le schéma tactique : la défense. C'est sans aucun doute le plus gros problème de la sélection américaine. À part Tim Howard qui reste indétronable dans les buts et qui vit très certainement sa dernière Coupe du Monde à l'âge de 35 ans, la défense est en chantier permanent. En tentant de miser sur la jeunesse lors des premiers matchs de qualification, cela à conduit à une défaite contre le Honduras à cause de grossières erreurs défensives. Ainsi, Klinsmann abordera très certainement une charnière relativement solide composée de Johnson et Gonzalez, avec Beasley, le capitaine évoluant à Puebla, et Cameron sur les côtés, bien que ce dernier ait été utilisé ces derniers temps principalement dans l'axe avec Stoke City. L'entrejeu devrait reposer sur l'expérience incontestable de Michael Bradley (81 sélections), l'ancien de l'AS Rome actuellement à Toronto, et de Jermaine Jones (31 sélections), en prêt au Besiktas, en rôle de soutien. Le milieu de terrain est completé par Graham Zusi, la pièce maitresse du champion en tire de MLS, Kansas City, et par l'infatigable Clint Dempsey, au haut-niveau depuis toujours (101 sélections). L'attaque quant à elle devrait être composée de l'homme à suivre, Altidore, ainsi que d'Eddie Johnson, le joueur local de DC United. La grande surprise est sans aucun doute la non-sélection de Landon Donovan, considéré par beaucoup de suppporters comme le meilleur joueur américain actuellement, bien que sa forme actuelle laisse à désirer, l'attaquant n'ayant plus inscrit le moindre but avec les LA Galaxy depuis le mois d'octobre. Voici donc la liste finale des 23 joueurs sur lesquels se basera Klinsmann pour cette Coupe du Monde:

Jozy Altidore, 24 ans, 67 sélections (21 buts), Sunderland

Il y'a moins d'un an, Jozy Altidore sortait d'une saison phénoménale avec l'AZ Alkmaar, avec 31 buts inscrits dans la saison, courronés durant l'été par un but face à l'Allemagne et un triplé contre la Bosnie Herzégovine en matchs amicaux, et trois buts en trois matchs de qualification pour la Coupe du Monde, contre la Jamaïque, le Panama et le Honduras.

Mais qu'en est t-il aujourd'hui? Altidore est sur le point de terminer une saison catastrophique, certainement sa plus mauvaise sur le plan personnel. En 36 apparences avec son nouveau club de Sunderland, et une saison particulièrement difficile pour le club qui a du lutter jusqu'au bout pour le maintien, l'attaquant n'a inscrit que 2 buts. De nombreux fans américains penseraient même que sa mauvaise forme du moment affecterait drastiquement la sélection pour la Coupe du Monde. Cependant, si le schéma tactique habituel de Jürgen Klinsmann serait conservé, avec un 4-2-3-1 qu'il utilisa lors des derniers matchs de qualification, les qualités d'Altidore ne devraient pas mettre longtemps à se démontrer. Sa taille imposante (1m85), sa volonté et son aggressivité seront nécéssaires à l'attaque de la sélection américaine au Brésil pour faire face aux meilleurs défenseurs centraux du monde tels que Mertesacker, Pepe, Boateng ou encore Bruno Alves. Ainsi, dans un tel système de jeu, sa finition (qui constitue son problème majeur à Sunderland) serait moins prioritaire. Cependant, si la tactique de jeu de Klinsmann changerait, Altidore serait moins indispensable à l'équipe qu'auparavant. Le 4-1-3-2 serait la solution de remplacement la plus envisageable, utilisée lors d'un match de qualification et plus récemment lors d'un amical contre le Mexique. De plus, dans un tel système, les solutions ne manquent pas. Clint Dempsey pourrait facilement prendre la position de buteur (de plus ce système lui serait plus adapté qu'un 4-2-3-1). Ainsi, la forme de Jozy Altidore sera très certainement décisive quant aux chances des États-Unis pour cette Coupe du Monde.

L'équipe masculine des États-Unis va participer au Brésil cette année à la 10ème Coupe du Monde de son histoire, sa 7ème de suite. De plus, l'équipe détient la meilleure performance en Coupe du Monde d'une équipe membre de la CONCACAF (Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique Centrale et des Caraïbes), avec une 3ème place obtenue lors de l'édition de 1930, la première de l'histoire.

Après une nouvelle participation en 1934, il faudra attendre 1950 pour retrouver l'équipe confrontée à des sélections de renommée mondiale. Un seul résultat face à l'Angleterre sur le score de 1-0 pourra être noté, sinon l'équipe retomba dans l'oubli jusqu'en 1990. Depuis, la sélection n'a plus manqué une seule Coupe du Monde, participant aux 5 éditions suivantes (1994, 1998, 2002, 2006 et 2010). Avec l'édition de 1994 disputée sur son propre sol, les États-Unis ne franchiront pas les huitièmes de finale, étant éliminés par le futur vainqueur de l'épreuve, le Brésil. L'édition de 1998 jouée en France marquera la pire performance de l'équipe dans l'histoire de la compétition en ne franchissant pas la phase de groupes et s'inclinant succesivement contre l'Allemagne, l'Iran et la Yougoslavie. La rencontre face à l'Iran aura d'ailleurs marqué à tout jamais l'Histoire du Football et de la diplomatie internationale suite aux tensions qui faisaient rages entre les deux pays à l'époque. En 2002, l'équipe se fera éliminer en quarts de finale par l'Allemagne, en ayant dominé une grande partie de la rencontre. L'édition de 2006 ne retiendra qu'un match nul contre le futur vainqueur de l'épreuve, l'Italie, à 9 contre 10. Dans un groupe composé également de la République Tchèque et du Ghana, ce match nul face à l'Italie fut le seul point obtenu lors de la phase de groupes, éliminant les américains dès le premier tour. Lors de la dernière édition, les États-Unis s'étaient incliné dans les prolongations des quarts de finale, une nouvelle fois face au Ghana.

La série de bons résultats en qualifications et en matchs amicaux le confirme : les États-Unis ont de très grands espoirs, et une qualification pour les phases à élimination directe est très attendue par tout le monde et constituerait de bonnes bases pour une sélection en plein développement. Avec un mélange de joueurs nationaux évoluant en MLS et de joueurs européens évoluant dans les plus grands championnats d'Europe, l'objectif prioritaire serait de convertir cette actuelle hégémonie régionale des États-Unis sur la zone CONCACAF en une hégémonie internationale, dans le but d'ammener la nation dans les toutes premières puissances footballistiques sur le plan mondial.

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Nombreux seraient les personnes à qualifier le Groupe G de "groupe de la mort". Avec la présence de deux géants européens, l'Allemagne et le Portugal, et du tombeur de l'équipe lors de la dernière édition de Coupe du Monde, le Ghana, les hommes de Klinsmann sont très certainement tombés sur l'un des tirages les moins évidents.

Pour leur premier match, les États-Unis affronteront le Ghana à Natal le 16 juin, avant de traverser la forêt amazonienne pour se rendre à Manaus et affronter le Portugal de Cristiano Ronaldo le 22 juin. Le dernier match de la sélection dans le Groupe G sera face au pays d'origine de Jürgen Klinsmann, l'Allemagne, avec laquelle il remporta la Coupe du Monde en 1990. La rencontre se disputera le 26 juin à Recife, dans l'état du Pernambouc. Ainsi, en seulement 10 jours, la délégation devra parcourir pas moins de 14.000 kilomètres pour se rendre dans les différentes villes dans lesquelles les rencontres se dérouleront. Un élèment non négligeable à prendre en compte qui peut avoir un certain impact sur la forme de l'équipe.

16 Juin à Natal : Ghana vs. États-Unis

22 juin à Manaus : États-Unis vs. Portugal

26 juin à Recife : États-Unis vs. Allemagne

Difficile ainsi d'imaginer les États-Unis accéder aux huitièmes de finale... mais tout reste possible.


Voici quelques stats de la FIFA sur la place du soccer aux États-Unis :

Nombre de joueurs recensés : 24 472 778
Nombre de joueurs licenciés : 4 186 778
Nombre de clubs : 9000
Nombre d'arbitres : 796 300