Auteur de parades décisives contre l'Equipe de France et de sorties impressionnantes face à l'Algérie, Manuel Neuer a encore impressionné son monde, si c'est toujours possible. Intrinsèquement supérieur à tous les gardiens de la Coupe du Monde, il dégage une facilité incroyable à l'image de son arrêt à une main sur la frappe de Karim Benzema (90ème+4). Aussi bien en sélection nationale qu'en club, il étale son talent et est un énorme atout pour son équipe, presque le meilleur joueur de la Manschaft pour l'instant. Quels sont les secrets de ce gardien incroyable, d'où vient-il ?

2006-2011 : Gardien à la maison

Natif de Gelsenkirchen (Allemagne), et produit du centre de formation de Schalke 04, il s'est naturellement épanoui "chez lui", "à la maison", au club de la Rhür. Une première année en forteresse imprenable, gardien imperméable, une seconde saison où il a été décrié, souvent traité comme "passoire". Il a probablement acquéri une force mentale à la suite de cette saison, aussi bien compliquée pour lui que pour son club, quand rien de va...

Impressionnant par la suite, on l'a annoncé chez les plus grands, FC Barcelone, Manchester United et tous les plus grands d'Europe. Enchaînant les grands matchs et les grandes saisons, Manuel Neuer a probablement passé un cap, passant de très bon gardien à grand gardien. Dans la lignée des Lehmann, Kahn, le gardien du Bayern Munich ne fait dorénavant plus tâche. Déjà très polyvalent, présent dans les airs comme loin des buts, aussi bon sur sa ligne qu'au pied, il possédait les mêmes qualités qui font sa renommée aujourd'hui.

Une intersaison étrange et vingt-cinq millions d'euros plus tard, le gardien Allemand et son mètre 93 rejoint le Bayern Munich d'Uli Hoeness, qui a trouvé le digne successeur d'Oliver Kahn. Les supporters de Schalke vont mettre du temps à l'admettre, admettre que le produit tant choyé par les tribunes et le staff puisse s'en aller, s'en aller pour l'Allemagne et le Bayern Munich. Comme pour Mario Götze, quelques années plus tard, il a eu le droit aux traditionnelles insultes et aux accusations de "traitrise". Malgré cela, on vient d'assister, après l'effondrement de 1989, à la refondation d'un véritable Mur.

2011-? : Le Bayern Munich et la reconnaissance

Si certains ne connaissaient pas son nom, le transfert au Bayern Munich a permis aux médias de parler de lui, et de son talent. Recruté par Uli Hoeness, pour une somme dérisoire quand on connait les sommes astronomiques d'aujourd'hui, il est reconnu par tous comme le meilleur gardien du Monde. En 2012 cependant, son Bayern va perdre en finale de Ligue des Champions, à l'Allianz Arena pourtant, face au Chelsea de Di Matteo. Assurément une déroute pour le club Bavarois, mais pas pour le gardien Neuer, qui a stoppé un tir au but dans la séance, ce qui n'a pourtant pas suffit.

La saison suivante, Manuel Neuer aura été à l'image du Bayern : solide, impressionannt, puissant, et surtout dominant. Alors que le club Bavarois réalise un triplé historique, le gardien de but réalise une saison absolument exceptionnelle. Elu dans l'équipe FIFA de l'année 2013, il détrône Iker Casillas (Real Madrid) et Gianluigi Buffon (Juventus Turin), prouvant une fois de plus qu'il est dans la cour des grands, non plus seulement par sa taille, mais par son talent.

2010 : Première Coupe du Monde, Afrique du Sud

Grâce à un concours de circonstance favorable (blessure d'Adler puis le décès de Robert Enke), il est placé titulaire par Joachim Low. Un an avant son transfert au Bayern Munich, le gardien de Schalke 04 fait forte impression, et tape dans l'oeil de beaucoup d'observateurs. Battue par l'Espagne en demi-finale, l'Allemagne ne pourra aller plus loin, malgré une défense et un gardien très solide, une marque de fabrique depuis l'époque R.F.A. Bien que très solide durant cette Coupe du Monde, et titulaire installé, il fallait qu'il confirme, avec pourquoi pas, une deuxième Coupe du Monde en tant que titulaire, au Brésil.

2014 : La confirmation, Brésil

"Il a les mêmes aptitudes que les autres joueurs : une bonne qualité de passes, une bonne appréciation des distances. Il pourrait même jouer milieu." (Joachim Löw, sélectionneur)

"Le Mur de Berlin". Voici comment on peut surnommer Manuel Neuer durant cette Coupe du Monde. Ayant encaissé deux buts seulement dans la phase de groupe (les 2 face au Ghana), il a été impérial face aux Fennecs d'Algérie (2-1), avec des sorties improbables rappelant les cours d'écoles et les "goal volant". On l'a vu notamment sortir à 40 mètres de ses buts pour aller tacler Islam Slimani, ou sortir à 25 mètres de ses buts pour sortir avec une tête en direction de ses défenseurs centraux. Malgré un but encaissé, difficile de faire une meilleur performance ce jour-là pour Manuel Neuer, alors qu'en face un autre gardien brillait, M'Bohli (Algérie).

Puis sont arrivées les quarts de finale, contre l'Equipe de France, victime préférée de la R.F.A. puis de l'Allemagne. Impressionnant de maîtrise, comme à son habitude, il a dégoûté les attaquants Français et Karim Benzema, qu'on a vu sourire après que sa frappe à la dernière minute soit repoussée sans frayeur par Manuel Neuer, à une main. Trop facile pour le portier allemand, contre qui il semble falloir batailler pour marquer un but. Mathieu Valbuena, Blaise Matuidi, Raphaël Varane, et Karim Benzema peuvent en témoigner, ce gardien est grand, ce gardien est fort, et la notion de mur ne semble pas si éloignée.

Au stade auquel son équipe s'était arrêtée en 2010, on verra la prestation que livrera le "Mur de Berlin", face à un Brésil décimé, sans Neymar Jr, joueur qui aurait pu le faire un peu trembler. Si ce gardien n'a pas tremblé devant Karim Benzema, on peut penser qu'il ne craquera pas devant Fred, homme invisible jusque là. Le football étant imprévisible, on peut même penser qu'il peut rater son match. Les épaules larges, on verra s'il les aura, face à un Brésil entièrement acquis à la cause de sa sélection, bien que chaotique.

Neuer, si infranchissable ?

En tant que téléspectateur de France-Allemagne, on a pu se poser la question. Manuel Neuer est-il vraiment si infranchissable que son regard et son attitude peuvent le faire paraître ? Ses parades faciles étaient-elles dues à son bon placement ou seulement aux mauvais tirs français ? Est-il vraiment le même si on lui enlève Mats Hummels, lui aussi impérial ?

Toutes les questions peuvent se poser, et il a l'opportunité de les balayer s'il sort une grande demi-finale face au Brésil.