L'intérêt du match face au Portugal était de voir la manière dont les Bleus allaient gérer une rencontre face à une nation à la recherche de solidité et en quête de confiance. Afficher de signes de supériorité, affirmer une réelle dynamique et dominer tactiquement, voilà ce que les hommes de Deschamps devaient faire. Voilà ce qu'ils ont fait pendant 45 minutes.

Le 4-3-1-2 français l'emporte

La France rentre fort dans la partie. Après une frappe de Sagna repoussée par Rui Patricio, Karim Benzema reprend le ballon et marque seul face au but à la 3ème minute de jeu. Les Bleus démontrent leur force de frappe dès l'entame. L'action incarne alors le projet de jeu tricolore. Sur l'action, Valbuena se décale vers la gauche, dans la largeur tandis que Griezmann se déplace dans la verticalité. Les deux ailiers font parler leur complémentarité mais s'appuie aussi sur la liberté qu'ils ont en phases offensives. D'autre part, la densité français dans la surface adverse est à louer. Valbuena qui délaisse le couloir, Sagna monte alors et se retrouve au second poteau tandis que Benzema traîne dans les 6 mètres. Les Bleus acculent d'entrée les portugais. La suite sera l'avènement du pragmatisme de Deschamps et l'incarnation des faiblesses des coéquipiers de Cristiano Ronaldo. Car le 4-3-3 portugais est incohérent. Sans créateur dans la zone de Cabaye, le milieu lusitanien est dépassé. Plus complet et généreux, Matuidi, Pogba et Cabaye emportent la bataille au coeur du jeu. Sans pression dans l'axe, le parisien et le turinois peuvent alors se déporter sur les ailes pour enfermer Nani et Danny. Le Portugal est ainsi improductif. Son jeu stéréotypé. Esseulé en pointe, Ronaldo décroche mais est enfermé. Le Portugal est battu dans tous les secteurs.

La réaction portugaise

Dès le début de la seconde période, la Seleccao réagit tactiquement. Le 4-3-3 se transforme en 4-2-3-1, insistant alors sur les failles du système tactique français. Pour protéger Evra et Sagna, Matuidi et Pogba se déportent dans les couloirs. L'axe se retrouve alors protéger par le seul Cabaye qui a déjà un joueur qui traine dans sa zone. Les lignes bleues s'étirent, la défense commence à être débordée. Avec le ballon, la relance est plus complexe. Si en première période, dès la récupération, Benzema et Griezmann s'écartaient pour prendre les couloirs et insister sur les limites tactiques d'Eliseu et Cedric, en seconde, l'attaquant du Real et l'ailier de l'Atletico ont moins de ballons alors que Valbuena a laissé sa place à Payet. C'est pourtant au moment où les Bleus souffrent le plus qu'ils vont marquer le deuxième but par Pogba. Une réalisation avec les mêmes bases que la première. Payet qui se déporte à gauche, Evra qui prend son couloir, et Pogba à l'entrée de la surface après une bonne remise de Benzema, une fois de plus les hommes de Deschamps ont attaqué en nombre pour acculer le bloc portugais et investir la surface adverse. A 2-0, Deschamps change concrètement son système. On repasse à un vrai 4-3-3 avec l'entrée de Sissoko à droite qui décharge Pogba de la couverture latérale pour protéger Sagna. L'axe renforcé et le côté droit plus imperméable, les Bleus subissent mais tiennent. Le pénalty relance les débats mais le Portugal ne revient pas. Par manque de talent, d'inspiration et de créativité les lusitaniens ne concrétisent pas leur domination territoriale. Les Bleus ont été moins brillants en seconde période, mais ont montré qu'ils étaient réalistes et toujours capables de s'adapter.

Une fois de plus, la France a brillé par son pragmatisme. A défaut d'être réellement éclatante, cette équipe a la force de s'adapter à tous ses adversaires, à trouver la formule propice à les gêner. Renforcés par quelques individualités supérieures, ces Bleus restent difficiles à bouger. Mais le Portugal a mis en évidence les failles de leur 4-3-3. A voir s'il n'est pas désormais le moment de réfléchir à un autre système...

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