Manchester City accueillait la Juventus de Turin dans le cadre de la première journée du Groupe D de la Ligue des Champions. Pour ce choc, City se devait de confirmer sur la scène européenne ses belles prestations en Premier League tandis que la Vieille Dame avait l'obligation de sortir la tête de l'eau, après une entame de championnat des plus compliquées (un point pris sur neuf possibles en Serie A). Le faux pas n'est guère permis des deux côtés dans ce groupe de la mort où le FC Séville, vainqueur de la dernière Europa League, et le Borussia Monchengladbach, solide formation allemande emmenée par son magicien suisse Lucien Favre, se disputeront les premières places synonymes de qualification pour les huitièmes de finale.

Le premier acte, ou la bataille du milieu de terrain

Les huitièmes de finale... Un tour de finale bien (trop) connu des Citizens qui ont pour objectif avoué de faire mieux cette saison en Ligue des Champions. Et ce en s'extirpant du piège turinois. Ainsi, la formation anglaise évoluait en 4-2-3-1 avec Wilfried Bony en pointe et Raheem Sterling en 10. La Vieille Dame quant à elle optait pour un 4-3-3 à plat, avec Paul Pogba et Hernanes lègerement en déça de Sturaro et Cuadrado. Un choix tactique judicieux de la part d'Allegri, qui délaissait donc le système de défense à trois qui aurait assurément pris l'eau face à une attaque de City qui a le feu sacré en ce début de saison (11 buts en 5 rencontres de championnat).

Ce sont les hommes de Manuel Pellegrini qui vont lancer les hostilités dès la première minute de jeu. D'abord sur un débordement de Kolarov (1e), puis sur une accélération plein axe de Fernandinho qui servait Sterling. Buffon veillait au grain et parvenait à donner de l'air à ses coéquipiers après un cafouillage dans les six mètres. Le ballon circule de manière fluide des deux côtés mais la Juve semble quelque peu fébrile en ce début de partie. Et pourtant, contre le cours du jeu, Pogba verra son but, tête plongeante au second poteau, annulé pour une position de hors-jeu (11e). L'essentiel de la rencontre se passe dans l'entre-jeu où Fernandinho et Pogba se livrent une belle joute. Le Brésilien, impérial ce soir, tentait d'ailleurs sa chance des 30 mètres (22e). Peu à peu la Juventus resserait ses rangs et se montrait plus offensive. Compact, les Turinois prenaient légèrement l'ascendant, transcandés par ce but annulé, et frappaient au but (13e, 30e). À la demi-heure de jeu, Silva profitait d'une approximation de Patrice Evra pour remonter le ballon et servir Bony. L'Ivoirien se joue d'un petit pont subtil sur Chiellini et fixe Hart. Mais son tir pied gauche dévissé permettait aux visiteurs de tenir le score. Les Citizens reprennent peu à peu les rênes du match, les occasions foisonnant (35e, 38e, 40e). Les deux équipes se quittent sur un score nul et vierge à la pause.

La Juventus sans complexe

Les hommes de Massimiliano Allegri revenaient sur la pelouse avec des intentions plus offensives (47e, 49e, 50e, 52e). Mais c'est Manchester City qui débloquait le score sur phase arrêtée. Kompany prend le meilleur, et appui, sur Chiellini, qui trompe involontairement Buffon de la tête (57e) ! La faute sur le défenseur italien semblait évidente mais l'arbitre validait le but. Et l'intensité du match montait crescendo. Dans la foulée, Bony laisse filer le ballon, devant Bonucci, dans la course de Silva. Deux Skyblues contre un Bianconero, l'Espagnol décalait sur la gauche pour Sterling, qui voyait sa frappe croisée détournée par le portient italien. Silva est dans l'intervalle mais Buffon se montre impérial (59e). Le champion d'Italie ne se laissait pas aller et poussait dès l'heure de jeu pour égaliser (62e, 64e, 65e). À 20 minutes du terme, Mandzukic, servi sur un caviar de Pogba, égalisait d'un plat du pied à la limite du hors-jeu (70e, 1-1). Stupeur à l'Etihad Stadium. Les deux formations effectuaient des changements quasiment minutes après minutes. Moins de dix minutes avant le coup de sifflet final, Morata portait les siens aux nus grâce à une superbe frappe enroulée qui fleurtait avec le poteau de Joe Hart avant d'entrer dans les filets (81e, 1-2). Dans les dernières minutes de la rencontre, Bony et Touré combinaient dans les 25 derniers mètres. La frappe de ce dernier prenait la direction de la lucarne mais une nouvelle fois Buffon sauvait les siens (87e).

La rentrée de Kun Agüero ne donnera rien et l'arbitre sifflait la fin de la rencontre. Le mot paradoxe n'aura jamais autant pris son sens que dans cette rencontre. Manchester City, fort de cinq victoires en autant de matches en championnat, s'incline sur sa pelouse face à une équipe de la Juventus timorée et méconaissable en Serie A (1-2). La réalité de la scène européenne vient de prouver une nouvelle fois à Manchester City qu'une victoire se mérite non au nombre de millions alignés durant le marcato mais bien au coeur et à la hargne.