Avant la rencontre, la stratégie de PSA était simple : miser sur la continuité. En effet, l'ancien entraineur de Sale et de Toulon avait décidé de faire confiance aux mêmes joueurs que face au match d'ouverture remporté laborieusement face à l'Ecosse, à l'exception d'Eddy Ben Arous qui prenait la place de Ménini, blessé. Il fallait donc pour les joueurs montrer un tout autre visage que celui esquissé face au XV du chardon.

Le match :

Après quinze premières minutes où les deux équipes font globalement jeu égal, les français sont pénalisés sur une faute de Spedding. Le récital Sexton commençe alors et le joueur francilien ouvre la marque pour les siens (3-0 14e). Une pénalite des deux cotés plus tard (6-3 19e), s'en suivit une longue séquence offensive irlandaise contrée par une bonne défense française notamment sur un maul irlandais où Mathieu Bastareaud parvient à récuperer le ballon et obtenir une pénalité. Les Bleus profitèrent de cela pour aller enfin jouer dans le camp irlandais. Seule incursion dans les 22 mètres irlandais et seule occasion d'essai français de la mi-temps où Thierry Dusautoir allait pour aplatir dans l'en-but mais Chouly et Maestri furent sanctionnés auparavant pour un passage à vide. Au jeu des pénalités, les irlandais rentrent à la pause avec un avantage de six points (12-6). Premier constat au bout de quarante minutes : les français font beaucoup trop de fautes et sont logiquement sanctionnés au score. Les irlandais semblent gérer le match en profitant des erreurs françaises et ne sont guère inquiétés défensivement. Néanmoins, le XV de France est toujours dans le match au niveau du score et on peut s'attendre pourquoi pas à un retournement de situation en deuxième mi-temps.

Malheuresement, ce retournement de situation ne viendra pas tout de suite car on assiste globalement à un début de seconde période terne avec une succession de mélées écroulées où les français sont pénalisés. Pour tenter de contrer la mélée irlandaise, PSA décide de changer toute sa premère ligne en remplaçant Ben Arous, Guirado et Slimani respectivement par Debaty, Kayser et Atonio. Magré une nouvelle pénalité irlandaise cette fois-ci inscrite par Madigan (15-6 51e), on sent un léger mieux du coté français après notamment Atonio qui apporte sa puissance. Mais à la 53e minutes, l'arbitre Wayne Barnes demande la vidéo pour un possible mauvais geste français. On découvre alors sur les images que Pascal Papé a donné un coup de genou à Jamie Heaslip lors d'un maul. Le français est exclu dix minutes pour ce geste et laisse alors ses partenaires à 14 contre 15. Cette infériorité numérique ne va pas pour autant être bénéfique aux irlandais qui vont être pénalisés en mélée deux fois et, eux aussi, prendre un carton jaune sur une faute de Rory Best. Les rentrées succesives de Taofifenua et de Parra font du bien mais les français ne parviennent pas à scorer : Camille Lopez manque la pénalité à la suite du carton jaune et on sent trop d'imprécisions dans le jeu offensif français. Les irlandais, eux, ne se font pas prier pour convertir leurs occasions de marquer et Sexton passe alors 3 points de plus à la suite d'une nouvelle faute bleue (18-6 68e) ce qui donne une avance confortable au XV du Trèfle. Une nouvelle fois imprévisibles, les Bleus se mettent alors à jouer juste offensivement et parviennent à franchir la défense sur une belle action où on peut constater tout l'apport du banc français avec à la passe Debaty pour Taofifenua qui file aplatir dans l'en-but. Mais Lopez manque la transformation et les Bleus sont donc à 7 points des irlandais à la marque (18-11 72e). Les dernières minutes sont françaises et à la suite d'une nouvelle faute de la mélée irlandaise en deuxiéme période, le XV de France parvient à jouer dans le camp irlandais. Après un long enchainement de temps de jeu, le match arrive à son terme et Huget est poussé en touche ce qui scelle la victoire irlandaise (18-11). Les français pourront regretter les points laissés en route et les nombreuses pénalités sifflés contre eux.

Les joueurs :

Globalement, les satisfactions françaises se trouvent sur le banc. En effet, la première ligne remplaçante (Debaty-Kayser-Atonio) a été très efficace non seulement en mélée mais aussi dans le jeu. Preuve à l'appui sur l'essai français où Atonio est au départ de l'action et où Debaty transmet parfaitement le ballon pour Taofifenua lui aussi auteur d'une belle entrée. A noter la bonne entrée du castrais Rémi Lamérat. Du côté des titulaires, on pourra noter la bonne prestation de Bastareaud, toujours apte à aller au combat et une nouvelle fois la très bonne copie défensive de Bernard Le Roux, auteur de 17 plaquages. De bonnes choses également de la part de Ben Arous.

Au rayon des déceptions, la charnière n'a rien montré. Kockott n'a pas rassuré après sa prestation face à l'Ecosse et a multiplié les départs au ras qui n'ont absolument rien donné, notamment en début de match. Lopez, lui, a montré des difficultés au jeu au pied. Il a raté la transformation et une pénalité qui auraient pu permettre aux Bleus de recoller au score. Souvent maladroit dans le jeu à la main, il a manqué de variation dans son jeu et a laissé une impression de toujours faire la même chose ce qui est dommage pour l'ouvreur de Clermont. Espérons pour lui que ce ne soit qu'un simple mauvais match et qu'il se rattrapera par la suite. Sinon, Chouly aura été une nouvelle fois sans grand impact sur le jeu et Fofana, répositionné à l'aile à la suite de la sortie de Thomas, n'est décidément pas à son aise en ce moment.

L'homme du match :

Il effectuait son retour après près de trois mois d'abscence, et cela ne s'est pas vu du tout. L'ouvreur irlandais Jonathan Sexton a survolé la rencontre, inscrivant 15 des 18 points de son équipe et a également trouvé quelques belles touches pendant le match. Il est aussi allé au combat notamment avec Bastareaud oû les contacts avec le centre français ont été virils. Les entraineurs du Racing Laurent Labit et Laurent Travers peuvent être rassurés quant à la forme actuelle de leur demi d'ouverture.

L'analyse :

Les français peuvent vraiment être déçus. Au delà de la prestation très moyenne offensivement, les Bleus ont multiplié les fautes face à une équipe d'Irlande qui paraissait prenable et face à la botte de Sexton, cela ne pardonne pas. Le XV de France ne parvient également pas à scorer et est souvent brouillon notamment dans les séquences de passes où les joueurs de PSA sont souvent imprécis et commettent trop d'en-avant. Seule grosse satisfaction du match, l'apport du banc français où presque tous les remplaçants se sont montrés à leur avantages notamment en mélée. Les français se sont mis à jouer trop tardivement et sont aussi tombés sur une bonne défense irlandaise.

PSA ne battra donc pas l'Irlande avant la Coupe du Monde. En effet, ce match était la dernière chance pour lui de battre l'équipe entrainée par l'ex- coach clermontois Joe Schimdt après deux matchs nuls et un revers de deux points l'an passé au Stade de France en cloture du Tournoi des 6 nations. Ce résultat est loin d'être idéal en vue de la Coupe du Monde où nous retrouverons les Irlandais lors de notre dernier match de poule à Cardiff.