Roger Federer est une légende. 17 Grand Chelem, 21 Masters 1000, 6 victoires aux Masters, médaillé d’argent aux Jeux Olympiques… 78 titres au total ! 302 semaines à la tête du classement ATP dont 237 consécutives à la tête du classement ATP. Tout est dit. Mais RF a vu son hégémonie stoppée. Depuis l’Open d’Australie 2010, il n’a remporté qu’un Grand Chelem sur seize, alors qu’il avait remporté quinze des vingt-cinq Grand Chelem précédents. Certes, l’arrivée de statures comme Novak Djokovic et la montée en puissance de Rafael Nadal ont facilité cette méforme, mais ce ne sont pas les seules raisons. Après une année 2013 vierge de titres en Masters 1000, où il n’a remporté qu’un seul titre, l’ATP 250 d’Halle et qu’il a terminé à la sixième place au classement ATP, son pire classement depuis 2002. Certains ont alors parlé d’un déclin, de la fin d’un cycle. Mais une légende ne meurt jamais et ce début de saison 2014 est plus qu’encourageant. Voilà les raisons de ce renouveau.

Un jeu vers l'avant

Certains le disaient fini. Des mauvaises langues l’envoyaient à la retraite. Ce n’en est rien. Roger Federer est de retour pour cette saison 2014. Pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’apport de son nouveau coach, le Suédois Stefan Edberg. Au moment de l’annonce de leur collaboration, fin décembre, il a déclaré : “Stefan était mon héros d'enfance, et je suis vraiment impatient de passer du temps et d'apprendre de lui." Edberg avait réagi : "Je suis enthousiaste à l'idée de faire partie du team de Roger et j'espère qu'ensemble nous pourrons produire son meilleur tennis”. Ces mots se sont transformés en actes. Ainsi, l’ancienne gloire a fait un constat avec Federer. Le Suisse a passé ses meilleurs années et n’a plus le physique d’avant. Il doit donc réduire les échanges et optimiser ses déplacements. Ce fut chose faite. Ainsi, Federer a travaillé son service, en cherchant à viser des zones où le retour de l’adversaire est plus difficile pour prendre l’avantage le plus tôt possible dans l’échange en utilisant notamment la volée comme principal argument. Le Suisse a en effet totalement modifié son jeu en se projetant dès que possible vers l’avant, une tactique offensive qu’il a bien réussi à maîtriser. Attaquant sur des seconds services adverses par exemple, le service-volée est devenu un de ses atouts privilégié. Une tactique qu’il utilisait à ses débuts et qui déstabilise ses adversaires.

Une bonne gestion de son calendrier

Le service-volée est la base du renouveau de Federer. Son nouveau calendrier est l’autre élément de son renouveau. Nous sommes mi-mars et le Suisse n’a disputé que quatre tournois. Sa préparation pour les périodes terre battue-gazon et surtout pour l’enchaînement Roland Garros-Wimbledon en est en partie la cause mais pas seulement. Federer et Edberg ont décidé de préférer le qualitatif au quantitatif. Les deux hommes préfère réaliser de belles performances dans un nombre de tournois restreint plutôt que de s’aligner sur un grand nombre de tournois et faire des performances moyennes. Ses résultats en cette année 2014 en sont la preuve parfaite. Federer ne s’est aligné que sur quatre tournois et n’a jamais perdu avant les demis-finale. Il a débuté sa saison par une finale à l’Open de Brisbane, ce qui lui a servi de préparation pour l’Open d’Australie, où s’est incliné en demi-finale face à Rafael Nadal après avoir battu notamment Jo-Wilfried Tsonga et Andy Murray. Federer a ensuite observé une pause d’un mois pour reprendre à Dubaï, en préparation d’Indian Wells. Face à un plateau relevé, il s’impose en battant par exemple Tomas Berdych et Novak Djokovic successivement, une performance majeure. A Indian Wells, il atteint la finale en réalisant un tournoi complet et encourageant. Battu seulement par Djokovic dans un tie-break manqué au troisième set, Federer s’est fait confiant. En choisissant bien ses tournois, Federer revient en force dans le haut du classement ATP. Alors qu’il a déjà gagné une place au classement (actuellement cinquième), Federer ne compte déjà plus que 605 points de retard sur Stanislas Wawrinka, troisième. Et il ne serait pas étonnant de le revoir prendre la place de son compatriote d’ici la fin de l’année. Pour reformer un big three (avec Nadal et Djokovic) ? Pas impossible.

Crédits photographiques : ©ATP World Tour, Dubai Duty Costless Tennis Championships et AFP/Getty Images