Il faut tout d’abord rappeler qu’il y a un total de 8 WC pour le tableau d’un Grand Chelem mais qu’il y a une WC qui est accordé à la fédération américaine et une autre à la fédération australienne en échange d’invitations pour leur Grand Chelem respectifs.

La WC américaine est attribué par le biais d’un ensemble de Challengers disputés aux USA et qui revient aux joueurs ayant accumulé le plus de points. A la surprise générale c’est « l’ancien » Robby Ginepri retombé au-delà de la 400è place mondiale qui bénéficie de ce ticket. Côté australien ce billet revient à l’un des jeunes espoirs aussies Nick Kyrgios déjà invité l'an dernier.

La fédération française doit donc se réunir au cours des prochains jours pour décider des heureux élus qui accèderont directement au tableau principal du deuxième tournoi Majeur de la saison.

Faisons donc un tour d'horizon des joueurs qui seront certainement les futurs détenteurs de ces invitations.

Les incontournables

Paul-Henri Mathieu (32 ans/82è)

Hors du cut au moment où les classements étaient arrêtés pour intégrer le tableau principal Porte d’Auteuil, « PHM » reste l’un des chouchous du public français depuis notamment son retour après son opération douloureuse au genou qui aurait pu compromettre la suite de sa carrière.

En 2012, il avait bénéficié d’une invitation alors qu’il n’était que 261è mondial et avait été l’un des grands animateurs de la quinzaine parisienne en s’imposant en cinq manches face à l’Allemand Bjorn Phau après avoir rattrapé un handicap de deux sets puis en remportant l’un des matchs les plus épiques en Grand Chelem de ces dernières années face à John Isner. Une victoire acquis 18-16 dans l’ultime manche qui fait de lui l’un des personnages majeurs du tennis français des dix dernières années.

Cette invitation ne fait pas débat puisque Paulo est allé la chercher sur le court en s’extirpant des qualifications à Monte-Carlo puis à Bucarest où il a atteint les ¼ et ensuite à Madrid.

Sa présence Porte d’Auteuil est donc assurée même si une blessure au pied l’a obligé de déclarer forfait pour le Challenger de Bordeaux cette semaine.

Michael Llodra (33 ans/133è)

Pilier de l’équipe de France de Coupe Davis, Llodra a annoncé que l’année 2014 serait sa dernière saison sur le circuit professionnel. Avec un programme allégé, il a décidé de privilégier les tournois français et les gros tournois afin de marquer un maximum de points en double avec son compère Nicolas Mahut pour tenter de se qualifier pour le Masters de fin d’année.

Il a été l’un des acteurs principaux de la victoire de l’équipe de France en ¼ face à l’Allemagne en remportant le point du double en compagnie de Julien Benneteau. Quart de finaliste à Marseille et vainqueur notamment du Polonais Jerzy Janowicz à Monte-Carlo, il a remporté les matchs qu’il suffisait pour s’assurer une place à Roland. Cette semaine il était présent à Bordeaux pour tenter d’enchainer des matchs sur terre-battue mais en vain puisqu'il s'est incliné dès le premier tour face à David Guez.

Huitième de finaliste à deux reprises, il est capable de faire tomber un gros morceau surtout si le beau temps est de rigueur pour avantager son jeu d’attaquant.

Les jeunes  « non terriens »

Pierre-Hugues Herbert (23 ans/137è)

Révélé au grand public l’an passé au Masters 1000 de Bercy en tenant tête notamment à Novak Djokovic, le jeune alsacien est en constante progression au classement depuis plusieurs années (350è début 2012, 250è début 2013). Désormais tout proche du top 100 grâce à un très bon début de saison en remportant notamment le Challenger de Quimper, Herbert semble désormais prêt à franchir un nouveau cap pour disputer plus régulièrement les plus gros tournois du circuit et se confronter aux meilleurs joueurs du monde.

Toutefois une interrogation demeure avec sa capacité à s’adapter à la surface ocre. En effet Herbert est adepte du service-volée et il n’a pas remporté le moindre match sur la surface ocre en 2014 sur les trois tournois Challengers qu’il a disputé. Son style offensif "old school" plait au public mais peut parfois manquer d'efficacité dans les rencontres à enjeu.

A lui de démontrer qu’on peut lui faire confiance, lui qui n’a jamais bénéficié de WC de la fédération lors des différents Grand Chelem.

Albano Olivetti (22 ans/168è)

Le « Karlovic français » que l’on surnomme ainsi pour sa qualité au service impressionnante est en train de faire taire toutes les mauvaises langues au fil des mois.

Quart de finaliste à Marseille en 2012 en battant le top 10 de l’époque Mardy Fish, beaucoup considérait que sa progression ne pouvait être linéaire et que son jeu trop limité ne permettait pas d’espérer plus pour le géant (2.03m) des courts. Blessé au coude durant les cinq premiers mois de l’année 2013 qui lui sont généralement favorables avec de nombreux tournois indoor, sa progression fut freinée avec notamment une chute au classement au-delà de la 300è place mondiale.

Auteur d’une deuxième partie de saison intéressante avec notamment une finale en Challenger, il a surtout réussi à s’extirper des qualifications à l’US Open avant de chuter au 1er tour face à son compatriote Stéphane Robert. A la fin de l’année 2013 le voilà remonté 250è mondial en ayant disputé une moitié de saison.

C’est une nouvelle fois en France, à Montpellier cette fois-ci, qu’il va réaliser un gros coup en s’extirpant des qualifications puis en atteignant les quarts du tournoi héraultais en battant au passage Nikolay Davydenko.

Voici que la saison sur terre-battue débute qu’il joue en grande partie son invitation pour Roland Garros où il doit démontrer qu’il sait adapter son jeu à la surface.

Début plutôt réussi puisqu’il a atteint les ¼ la semaine dernière à Aix en Provence et il a remporté un nouveau match à Bordeaux en s’imposant face à Jonathan Eysseric dans ce qui pouvait apparaitre comme une rencontre charnière pour l’un des billets remis par la fédération.

Les interrogations

Lucas Pouille (20 ans/187è)

Classé 330è mondial à la même époque, la fédération avait pris le pari de miser sur lui pour Roland Garros en lui accordant une invitation. Il avait su prendre sa chance en profitant d’un tirage favorable puisqu’il affrontait au 1er tour la WC américaine en la personne d’Alex Kuznetsov pas forcément à l’aise sur la terre-battue européenne. Vainqueur de son premier tour en patron, il n’avait ensuite pas été ridicule face au Bulgare Grigor Dimitrov.

Sans réaliser de résultats éclatants par la suite de la saison, il avait tout de même progressé au classement en intégrant le top 200. Seul l’Australien Kyrgios était le joueur plus jeune mieux classé que lui à l’ATP à l'issue de la saison.

En revanche son début d'année 2014 n’est pas à la hauteur des attentes que l’on repose sur lui. Détenteur de la WC française à l’Open d’Australie il a ainsi été battu d’entrée par le Serbe Lajovic 120è mondial. Il n’a ensuite pas dépassé le cap des ¼ des tournois Challengers.

Blessé durant plus d’un mois, il se dirige par la suite sur une tournée en Amérique du Sud pour relancer sa saison et reprendre de la confiance sur terre-battue. C’est raté puisqu’il s’incline à trois reprises dès le premier tour et sur des scores assez secs face à des adversaires totalement à sa portée (Sorensen 305è, Londero 245è et Trungelliti 385è).

Bénéficiaire d’une WC pour les qualifications du Masters 1000 de Madrid que lui a octroyé le directeur du tournoi Ion Tiriac quelques semaines auparavant, Pouille va s’incliner face au Russe Gabashvili.

Inscrit sur aucun tournoi jusqu’au Grand Chelem parisien, il va opter pour un choix surprenant de disputer les qualifications d’un Future roumain où le plateau présent est assez faible. Vainqueur rapide de ses deux matchs de qualification, il se trouve n°1 du tableau où il va affronter des joueurs classés au-delà de la 1000è place mondiale.

La fédération devrait logiquement lui faire confiance une nouvelle fois mais sa confiance à lui est en revanche en berne pour le moment.

Marc Gicquel (37 ans/150è)

Toutefois il a posté un tweet le 3 Avril dernier « ça sent la fin… » après une défaite face au jeune Enzo Couacaud (19 ans/450è) au 2nd tour du Challenger de St Brieuc qui était dur à avaler face à l'une des valeurs montantes du tennis français.

Mais jusqu’à quand va-t-il continuer ? Après avoir débuté sa carrière sur le tard, Marc Gicquel est un extra-terrestre du circuit ATP. Toujours compétitif à 37 ans, il l’a démontré une nouvelle fois cette année à Montpellier en s’extirpant des qualifications puis en battant successivement Michael Llodra et Gilles Simon pour ne s’incliner qu’au tie-break du 3è set face au Finlandais Jarkko Nieminen.

Evidemment son âge est un frein pour la fédération qui souhaite souvent miser sur la jeunesse. Encore est-il le nombre de jeunes joueurs présents dans le top 250 est encore pauvre et il peut donc totalement espérer bénéficier d’une invitation.

Toutefois ils sont encore nombreux à pouvoir espérer un précieux sésame avec des joueurs qui ne sont pas forcément dans les petits papiers de la fédération mais qui ont réalisé une bonne première partie de saison comme David Guez (31 ans/177è), Grégoire Burquier (29 ans/179è) ou Vincent Millot (28 ans/203è).

D’anciens jeunes joueurs qui étaient auparavant sous la tutelle de la fédération tels que Axel Michon (23 ans/205è) ou Jonathan Eysseric (23 ans/236è) qui sont en pleine confiance sur terre-battue pourraient tirer leur épingle du jeu.