Kinnie Laisné 24 ans et 610è mondiale.

Bonjour, est-ce-que tu peux te présenter en quelques lignes ?

Je m'appelle Kinnie Laisné, j'ai 24 ans et je suis née à Cherbourg en Normandie. J'ai commencé le tennis vers 3 ans, je suis partie en sports études à l’âge de 11 ans et ensuite j'ai continué via la ligue puis au sein de la fédération.

Comment est tu venu au tennis ?

Mes parents jouaient en loisir, mon père donnait quelques courts en initiation pour dépanner son club et mon oncle est DE et a été l'entraineur d'Emilie Loit (ex 27è mondiale) à ses débuts. J'ai commencé à jouer dans le jardin, j'aimais ça donc je suis passée sur le court et ça ne m'a plus quitté !

Tu es devenue championne de France 17/18 ans en 2007. On peut dire que ce titre a marqué le début de ta carrière ?

Oui, complètement parce qu'à la fin de l'année 2007 j'allais être majeure et la ligue de Normandie allait arrêter de m'aider. Donc c'était la fin des structures d'entrainements, des coachs et de tout ce dont j'avais besoin pour évoluer. C'était un peu soit je gagnais et rentrais au CNE (Centre National d’Entrainement), soit je me retrouvais sans structure...

Tu as atteint ton meilleur classement en Août 2009 en étant 295è mondiale et tu as participé à Roland Garros en 2009 grâce à une invitation de la fédération. Qu’est-ce-que ça fait pour une joueuse de 19 ans de se retrouver au 1er tour d’un Grand Chelem ?

C'était le plus beau jour de ma vie. Mon rêve de petite fille pour lequel je travaillais si dur depuis 16 ans se réalisait, c'était juste incroyable. La preuve sur la photo de ma poignée de main je souris alors qu’après une défaite (face à la slovaque puis australienne Jarmila Groth 6/4,6/3) c'est vraiment rare pour moi !

La preuve ! :

  

C'était vraiment fort, je n’ai même pas de mots pour décrire ce qu'il se passait dans ma tête, quand je le raconte aux gens, j'ai instantanément les larmes qui me montent aux yeux.

C'est d'ailleurs assez rare que la fédération donne des invitations pour Roland Garros à une joueuse aussi mal classée. Tu penses que c'était le bon moment ?

Cette année là, le niveau des françaises n'étaient pas vraiment bon en général. Ce qui est sûr, c'est que pour moi, c'était le meilleur moment pour l'avoir cette wild card. J'avais pu expérimenter les qualifications l'année d'avant, j'avais réussi à passer un tour, donc ça me faisait déjà un peu moins peur. J'ai donné tout ce que j'avais ce jour là, je n'ai aucun regret.

Ensuite malheureusement pour toi c’est le début des galères avec une grosse blessure à l’épaule droite avec une opération pour un ligament arraché qui te fait manquer deux saisons entières. Comment as-tu réussi à garder la hargne pour repartir sur le circuit ?

Justement, je crois que c'est grâce à ce match à Roland Garros que je suis toujours là. C'est pour des moments comme celui là qu'on travaille tous les jours. J'ai toujours gardé en tête que je voulais rejouer au moins une fois à Roland en y entrant par mes propres moyens. Alors me voilà le couteau entre les dents, peu importe les circonstances, tant qu'il me reste une possibilité de jouer de me battre et éventuellement de réussir, je continue pour ne jamais rien regretter !

Tu reviens cette saison et petit à petit tu te fais de plus en plus remarquée avec notamment une ½ dans un tournoi ITF 25 000$ à Mont-de-Marsan où tu élimine l’Italienne Grymalska (275è) puis surtout l’Argentine Irigoyen (190è). C’est la récompense du travail fourni depuis plusieurs mois ?

Oui, la reprise a été très longue et douloureuse. J'ai pu continuer à travailler et progresser grâce au Levallois Sporting Club et ma coach Ségolène Berger, qui me donnent une superbe structure et de très bons conseils pour avancer. Ça fait du bien de voir que le travail commence à porter ses fruits, ça donne du courage pour continuer et beaucoup de motivation.

Pour essayer de te connaitre davantage, comment définis-tu ton jeu et quelle est la joueuse qui te ressemble le plus ?

J'ai un jeu agressif du fond du court qui s'appuie en général sur un bon service. J'aime plutôt jouer sur terre battue mais je commence à aimer jouer sur dur aussi.

J'avoue que j'ai très peu de temps pour regarder le tennis féminin et surtout je n'ai pas le câble. Je suis beaucoup les résultats mais je ne saurais pas m'identifier à une joueuse du circuit.

Comment une joueuse au-delà des 300 premières mondiales peut réussir à vivre du tennis ?

Ça c'est la question à un million ! C'est difficile, il faut se serrer la ceinture, alterner les ITF qui nous coûtent cher et les tournois Français du circuit CNGT qui nous permettent de gagner un peu d'argent pour payer la semaine d'après. C'est le plus dur à gérer pour une joueuse de tennis.

Reçois-tu des aides de la part de la fédération ?

Non je suis trop vieille, la fédération ne m'aide plus du tout.

Tu es déjà revenue à la 600è place mondiale, quelle est ton objectif pour cette fin de saison et pour l’année 2014 ?

J'aimerais rentrer dans les 500 premières avant la fin de l'année mais il ne me reste plus que quatre tournois. L'idéal pour 2014 serait de rentrer dans les qualifications de Roland Garros donc être dans les 220 premières assez rapidement. J'ai conscience que ça va être très dur, mais il n'y pas de grande performance sans grand objectif…

Le débat du moment dans le tennis est la question des 5 sets dans les Grand Chelem pour les femmes. Etonnement les joueuses sont pour. Quel est ton avis ?

J'avoue que pour le moment je n'y pense pas vraiment, mais ça ne me poserait pas de problème! J'ai déjà fait des matchs d'entrainements en 5 sets et ça allait... donc pourquoi pas !

Quelle a été ta réaction après le départ à la retraite prématuré et inattendu de Bartoli ?

J'ai été assez choquée, ça me parait louche. Je me dis que lorsque l'on gagne son premier Grand Chelem on a qu'une envie c'est recommencer et en gagner d'autres! Ça doit stimuler, motiver encore plus de savoir qu'on peut le faire ! J'espère qu'elle ne regrettera pas ce choix....

L’autre affaire qui agite le mond du tennis est la question du dopage avec notamment les contrôles positifs de Zahlavova, Cilic ou encore Troïcki. Est-ce-que tu pense que la fédération internationale ne devrait pas être plus sévère avec les tricheurs ?

Je pense évidemment que les tricheurs devraient être sévèrement punis. C'est inacceptable que certains aient recours au dopage mais j'espère que l’ITF (fédération international du tennis) ne protège pas les gros poissons. J'ai envie que notre sport soit propre et j'espère qu'il l'est. J'espère que dans quinze ans on n’apprendra pas que notre Big 4 était dopé, vraiment j'en serais trop déçue.

Après avoir fouillé les dossiers que met en ligne l'ITF on se rend compte que le nombre des contrôles sont minimes. Pour donner un exemple combien de fois as tu déjà été contrôlé ?

Trois fois dont seulement une fois lors d’un tournoi ITF.

Tu serais pour des contrôles sanguins réguliers pour rendre le tennis plus crédible ?

Complètement! Je suis pour tout ce qui pourra écarter les tricheurs et donc crédibiliser ceux qui réussissent en travaillant.

Merci à toi de m’avoir accordé de ton temps pour cette interview. Bon courage pour la fin de ta saison et l’on espère pouvoir te supporter aux bords des courts de Roland Garros dès l’année prochaine !

Pour suivre l’actu de Kinnie, suivez là sur Twitter : https://twitter.com/KinnieLaisne