« Pastore est un artiste qui exprime un jeu qui plaît aux gourmets du football ». Cette phrase est signée Ariedo Braida (ancien dirigeant de l’AC Milan). Comme tout artiste, Javier Pastore est un homme différent. Sur le terrain, Javier veut prendre du plaisir et en donner. Dans le numéro 92 de So Foot, il déclarait d’ailleurs « Ici [en France], on joue avec la tête baissée. Si on travaille bien, le PSG peut devenir l’équipe qui joue le meilleur football de L1. On perdra quelques matchs, c’est sûr, mais au moins on prendra du plaisir ». La beauté d’un sport suivi partout sur notre planète importe. Le résultat n’est que secondaire. Mardi soir, après le match, Flaco s’est fendu d’un « C’est le foot que j’aime ça ». Oui, Javier Pastore est un homme de spectacle. Des rencontres de gala, des adversaires renommés et du football de grande qualité. Voilà ce qui inspire et motive l’argentin. Sur la pelouse, le numéro 27 parisien veut simplement prendre son pied. Son idole se nomme Juan Roman Riquelme, un type reconnu pour son élégance. Le foot est son métier mais avant tout cela doit rester une passion et un jeu.

Pastore, c’est aussi une démarche, une attitude. Tête levée, torse bombé. Flaco est fier sur le terrain. Autre particularité : ses mains baladeuses, vacillantes et positionnées à l’horizontale comme si son équilibre en dépendait. Parfois nonchalant voire suffisant, il n’aime pas courir après la balle. Mais dès que cette dernière arrive dans ses pieds, les contestations sont bannies. La seule obligation est alors de profiter. Profiter d’un talent. Profiter d’une gourmandise comme on n’en voit que trop peu dans notre vie.

Contre Barcelone, l’ancien crack de Huracan a (élégamment) tout fait. Conservation du ballon, passes courtes, transversales, dribbles, replis défensif, pressing… Javier était partout : 10,2 kilomètres, 7 ballons récupérés, 57 ballons touchés (40% de possession de balle dans ce match pour le PSG). Surtout, il était une vraie assurance pour ses coéquipiers. Lui donner le ballon signifier parfois respirer, d’autres fois créer ou encore mettre Barcelone en danger. C’est bien simple, chacun des ballons qu’il a négociés ont soulagé son équipe. Nombreuses sont ses interventions qui ont permis au Paris Saint-Germain d’entamer une phase de possession. Il s’est même créer des occasions à lui tout seul. Les ballons qu’il a perdus se comptent sur les doigts d’une main alors que le pressing barcelonais était intense dans sa zone. Ses contrôles étaient délicieux, ses passes justes, ses gestes techniques opportuns. C’est encore lui qui décale Van der Wiel sur le troisième but parisien signé Blaise Matuidi. Finalement, il n’a manqué qu’une seule chose à sa prestation : un but.

Privé du patron, Zlatan Ibrahimovic, Laurent Blanc était obligé de changer son dispositif pour mettre à mal l’ogre barcelonais. L‘option choisie a sans doute était la meilleure : confier les clefs du jeu parisien à Javier Pastore. Placé derrière Edinson Cavani en véritable meneur de jeu, sa position préférée, l’entraîneur parisien lui a offert la liberté nécessaire à son épanouissement. Angel Cappa, son mentor à Huracan déclarait à ce propos « Javier a besoin de plus de libertés. Il doit participer au jeu, aller où il veut. C’est un joueur qui sait très bien se situer dans l’espace. Il est toujours là où il faut et pas où on lui dit d’être. [A Pastore]. Javier, tu ne peux pas rester prisonnier d’une zone » (So Foot numéro 92). Par ce choix, Laurent Blanc a également démontré toute la confiance, élément indispensable à sa réussite, qu’il accordait à son génie argentin.

Toutefois, ce changement tactique aurait pu être fatal au Paris Saint-Germain : Pastore prenant le centre, Matuidi accumulant les kilomètres un peu partout sur le terrain, le côté gauche parisien était sensiblement affaibli. Mais Matuidi, Pastore et Cavani se sont relayés pour épauler Maxwell. Et surtout Javier Pastore a brillé et éclaboussé le Parc des Princes de son formidable talent. Indéniablement, ce joueur-là vaut bien plus que 42 millions d’euros.

Javier Pastore c'est ça :