Vous connaissez sûrement, ce type kebab succulent mais qui vous envoie fréquemment aux toilettes pour une maladie que vous identifiez tous ? Lance Stephenson en serait son produit phare, assaisonné d'une sauce algérienne bien épicé. Depuis maintenant quatre ans, la NBA se délecte de ce talent pur et parfois difficile à contrôler. Mais outre sa folie, Stephenson est avant tout un très bon joueur de basket. Après un an seulement à la petite université de Cincinnati, le natif de Brooklyn décide de se présenter directement à la draft 2010. Déjà, les observateurs décernent un talent certain mais une fougue qui gagnerait à être canalisé encore un an en NCAA. Malgré cela, le joueur se lance dans le grand bain et fait donc honneur au surnom qui le suit encore aujourd'hui, "Born Ready". Tenté par ce pari, Larry Bird décide de le choisir à la... 40ème place. Un choix à moindre mal qui va encore s'avérer payant pour la légende de Boston.

En manque éternel de reconnaissance

Disposant déjà d'un Danny Granger élu fraichement All-Star l'année précédente et de Paul George tout juste drafté en 10ème position, Stephenson est une nouvelle fois prédit à un avenir peu reluisant : faire banquette. Et pourtant, il s'impose peu à peu grâce à sa défense. Considéré comme un simple défenseur utile par séquence, il devient titulaire et envoie petit à petit Granger loin d'Indianapolis. Même à l'arrivée d'Evan Turner, certains le voyaient perdre sa place pour un jouer dit "plus complet et d'avenir". Résultat ? Il claque le plus grand nombre de triple-double dans la saison (cinq).

C'est ça Lance Stephenson, un joueur qui considère devoir toujours prouver plus que les autres. Une sorte de paranoïa qui lui joue des tours et le rendrait même "égoïste" selon son coéquipier Roy Hibbert, qui l'aurait visé en particulier lors de sa récente sortie médiatique. Frustré de ne pas avoir été élu All-Star cette saison, l'arrière des Pacers en aurait fait une affaire personnelle, voulant prouver à chaque coach qu'il méritait son ticket pour le match des étoiles. Devancé par Goran Dragic à la course au MIP (Most Improved Player), les mauvaises langues diront que son premier tour de Play-Off moyen y est lié.

Gilbert Arenas de l'Indiana ?

Le parcours de "Born Ready" a beaucoup de similitude avec celui de l'ancien All-Star de Washington, la défense en plus évidemment. Dans un mauvais soir, il peut plomber son équipe et partir en vrille totale.. Ses "crises" font d'ailleurs le bonheur du web, où il est régulièrement parodié (notamment sur sa provocation avec James). Par contre, lorsque la machine est lancé, il assassinerait n'importe quel franchise NBA. Là où Arenas faisait des gros cartons au scoring, Stephenson apporte partout. Points, création, rebonds : il sait tout faire. Et surtout, avec Avery Bradley et Tony Allen, on connait peu de défenseurs aussi tenaces en NBA. Même si le Heat gagne cette série, allez demander à LeBron et D-Wade si ils ont vécu une finale tranquille. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le match 6 entre Miami et Indiana n'est pas encore joué. En tout cas, si il y a bien quelqu'un qui joue gros, c'est Stephenson. Ayant promis de bousculer Wade et de rentrer dans la tête du King, il est attendu au tournant. Et surtout, en fin de contrat cet été, sa future côte dépendra grandement de l'issue de cette affrontement. Entre petite marge de manoeuvre financière et léger manque de confiance de son GM (Bird l'appelant à arrêter son trashtalk avec ses adversaires), rien n'assure qu'il trouvera chaussure à son pied. Traduction : on ne lui donnera pas une place majeure, et le contrat qui va avec, en cas de désillusion.

Une bouffée d'air frais

Après, Stephenson reste capable de tout. Capable d'aller chercher un match 6 en Floride et revenir gagner à la maison. Capable de faire ce qu'il sait faire de mieux : réduire au silence ses détracteurs. Il l'a déjà fait et dans un bon soir, personne ne semble en position de le stopper. Rappelé à l'ordre par sa direction, critiqué par un Ray Allen fatigué de ses "bouffonneries", étonnement c'est dans cette situation qu'il faut davantage craindre le Pacer. Il ne réussit jamais mieux que dos au mur. Un éternel sous-estimé qu'on vous dit.

Au final, qu'il y ait qualification ou non d'Indiana, "Born Ready" a déjà réussi sur de nombreux points. Celui de s'imposer comme l'un des joueurs le plus convoité cet été (avec Love et Anthony) tout d'abord. Mais surtout, de redonner du plaisir au fan de la vraie NBA, celle qui n'est pas régi par une multitude de règles de conduite qui font perdre du piment à cette ligue. Loin du bon chic bon genre installé par David Stern puis continué par Adam Silver, le shooteur provoque, fait du trashtalk comme à la bonne époque des Starks, Jordan etc..

Sur la seule série face au champion en titre, on a pu le voir provoquer Wade dans la presse, s'incruster entre le coach Spoelstra et son joueur pour savoir leur tactique et le culte "soufflage de nez" sur LeBron James. Franchement, qu'il fasse un grand match ou se troue complètement, on ne lui demande qu'une chose : qu'il ne change pas. Si quelqu'un file de l'urticaire à quelques dirigeants de la ligue, il réjouit dans le même temps des milliers de nostalgique de la belle époque. Et ça, c'est déjà une victoire en soit.