Ben ouais, tout le monde parle de la bataille du Maillot Jaune. Mais mince, le Tour ce n’est pas que ça ! Constat arithmétique : sept étapes de plaines sur 21. Un tiers, un tiers des étapes où une échappée de deux à cinq hommes partira dans les dix premiers kilomètres, quatre heures où on attend le retour du peloton en remplissant le livre de jeux de l’été, puis enfin le final haletant réglé au sprint. L’année dernière, un plan à trois a été mis en place entre Peter Sagan (3 victoires d’étape, mais pas qu’en sprint groupé), André Greipel et Mark Cavendish (3 succès chacun). Et le fantasque slovaque a emporté la tunique verte, bien plus à l’aise quand la route monte que ses deux concurrents.

Le vert pour Sagan, les étapes pour Cavendish ?

Sagan devrait remettre le couvert pour cette édition. Coureur complet, excellent dans le rôle de puncheur comme dans celui de sprinteur et plus à l’aise en montagne que les autres sprinteurs, il devrait prendre les bonifications là où la route monte tout en étant bien placé aux arrivées où le terrain est plus plat. Mais le seigneur du sprint doit être celui qui remporte les étapes aux arrivées groupées. C’est dans les cordes du coureur de la Cannondale, encore jeune (23 ans seulement !). Cette saison, il s’est montré au Tour d’Oman, au Tirreno-Adriatico ou plus récemment au Tour de Suisse (2 étapes à chaque fois), mais ses grosses victoires restent Gand-Wevelgem et la Flèche Brabançonne.

Peter Sagan fournit son effort dans le dernier Tour de France

Sera-t-il pour autant la tête d’affiche des arrivées groupées ? Ben non, Mark Cavendish sera là. Le Cav’ a gagné trois étapes l’an dernier alors que son équipe, la Sky, n’a presque pensé qu’au Jaune. Il a changé d’équipe cet hiver en rejoignant Omega Pharma - Quick Step. Où là, il sera le leader. Des hommes seront sous ses ordres, un train sera en marche que pour lui (Chavanel risque de sortir de temps en temps quand même). Et ça marche : cette année, il a gagné le Tour du Qatar en remportant quatre étapes, puis le classement par points du Giro où il a enlevé cinq étapes, dont la première et la dernière, une pour donner le ton, l’autre pour qu’on se rappelle bien de lui. A 28 ans, il a encore de belles années devant lui. Battre son record d’étapes sur un Tour peut être un objectif, mais il a mis la barre très haut en 2009 avec ses six victoires.

L’Allemagne bien représentée

En face de lui, pourtant, il n’y aura pas des puceaux du levage de bras sur la ligne. Sagan, on l’a dit, sait faire. Mais son meilleur ennemi André Greipel connait aussi. Lui aussi aura une équipe dévouée en plaine, Van den Broeck étant le chef quand ça grimpe. L’an dernier, Greipel avait battu Cavendish aux points. Et cette année ? Pour le moment, on l’a vu en Australie où il a gagné trois étapes du Tour Down Under en début d’année, et le titre de champion d’Allemagne. Pas si mal.

André en Australie (crédits : AFP)

Surtout quand on voit la concurrence qui lui était opposée. Gerald Ciolek, absent du Tour car son équipe MTN n’a pas été retenue. Argos-Shimano, elle, est bien là, avec Marcel Kittel et John Degenkolb, eux aussi d’origine teutonne. Le premier a abandonné prématurément l’an dernier (5e étape), le second participe pour la première fois. Kittel compte parmi ses succès le GP de l’Escaut, le Tour de Picardie, une étape du Paris-Nice, et trois du Tour du Turquie. Degenkolb, qui a explosé lors de la Vuelta 2012 (5 victoires d’étape), a pris une étape au Giro à Cavendish cette année, mais à part ça, rien. Les deux jeunes Allemands (25 ans pour Kittel, 24 ans pour Degenkolb) ont d’ores et déjà annoncé qu’ils comptaient jouer les premiers rôles dans les étapes corses. On sera vite fixé.

John Degenkolb et Marcel Kittel ont l'air de bien s'entendre (crédits : kicker.de / picture alliance)

L’énigme Goss et l’espoir Bouhanni

A part ça, un sprinteur reconnu parmi ses pairs attend toujours son premier succès d’étape sur le Tour. Il court à Orica – Green Edge, il est Australien et aura pour équipier le grand Stuart O’Grady, j’ai bien sûr nommé Matthew Goss. Très bien placé aux points l’an dernier, il a été le Poulidor du sprint : toujours placé, jamais gagnant. Orica attend vraiment un succès de sa part cette année. Ce serait le premier, puisque son palmarès demeure vierge cette saison. En gros, celui qui porte comme deuxième prénom Harley peut continuer à faire du bruit mais doit être plus rapide que ses concurrents.

Matthew Goss aime les bisous

Mais dis donc, on parle d’Anglais, d’Allemands et même d’Australiens, mais un peu de chauvinisme parbleu ! Nacer Bouhanni ne porte certes plus l’étendard français sur les épaules depuis la semaine dernière, il porte cependant les espoirs français d’une victoire au sprint un peu plus haut que Julien Simon. Bouhanni, comme d’autres coureurs déjà cités, est jeune (il aura 23 ans après le Tour), et participe à son premier rendez-vous de juillet. Arnaud Démare n’est pas là, il portera donc seul les espoirs de Marc Madiot pour réussir un sprint. Malheureux en Italie où, souvent bien placé, il n’a pas gagné, il a néanmoins gagné la première étape de Paris-Nice. FDJ.fr sera à son service en plaine, alors à coup sûr on devrait le voir dans les arrivées groupées. En espérant que le scénario du Giro ne se reproduise pas.

Nacer veut montrer qu'il est capable de gagner sans le maillot tricolore (crédits : AFP)

Quelques grosses cotes seront présentes aussi, comme le trentenaire de la Lampre-Merida Roberto Ferrari, vainqueur de la Route Adélie 2012 pour ceux qui connaissent (course d’un jour disputée à Vitré), l’expérimenté Juan Antonio Flecha de Vacansoleil ou Julien Simon de Sojasun. Sans oublier quelques puncheurs capables d’accélérer en fin d’étape et se payer ainsi la tête des sprinteurs : Edvald Boasson Hagen (Sky), Lars Boom (Belkin) ou Philippe Gilbert (BMC), vous connaissez ? Pas Chavanel par contre : se faire dézinguer par Cavendish, pas sûr que ça lui plaise…