Le constat est là, l’OL est 10ème du classement de Ligue 1 après 10 matchs joués et seulement 13 points glanés. A l’aube de se déplacer à Toulouse, les gones n’ont même remporté qu’1 seul match sur les 4 dernières journées disputées en Ligue 1, c’était dans le derby face à l’ASSE. Ce qui ne rassurera pas les supporters lyonnais, c’est que cette mauvaise passe est comparable avec ce qu’avait réalisé Hubert Fournier il y a 1 an de cela, une victoire face aux verts en préambule d’une série de 5 défaites et 1 match nul…

A l’écoute et attentif de ce qu’il se commente sur les réseaux sociaux, je voulais faire ma propre expérience sur le ressenti des supporters lyonnais qui a été très largement exprimé ces dernières semaines.

Le leitmotiv : identifier quelles sont les causes de ce ras le bol général manifeste. Pourquoi voit-on fleurir les messages contre Bruno Génésio, des hashtags demandant sa démission et plus généralement visant l’institution OL ?

Alors, Bruno Génésio porte t’il tous les maux de l’OL ? Entre dépit, résignation, colère et incompréhension, voici quelques éléments de réponse.

Un manque de charisme et de carrure

Génésio est coach de l’OL depuis Décembre 2015 et a vécu 6 premiers mois fantastiques avec une équipe totalement dédiée à sa cause et lancée dans une quête effrénée à la seconde place.

Seulement avant d’être nommé à la tête du club, il avait vécu 2 expériences plus que mitigées à Villefranche sur Saône et Besancon et les supporters les plus avertis en sont conscients.

Cette saison, Bruno Génésio dispose de « son » groupe composé avec les aléas du mercato. Force est de constater que, sur le terrain, l’OL subit plus les événements qu’il ne les domine. Le coach lyonnais en est conscient : « L’équipe se fragilise au moindre fait de jeu contre elle ». Cependant, son incapacité à remobiliser les troupes depuis le match à Dijon est criante. L’OL est également une des pires équipes de Ligue 1 en seconde période avec déjà 13 points perdus. L’attitude résignée affichée face à la Juve et contre Guingamp à 1-2 est symptomatique des maux qui touchent l’OL en cette période.

L’OL et son coach ne trouvent pas les solutions mais les joueurs soutiennent que le discours avec Génésio passe toujours. Jusqu’à quand ?

La gestion de l’effectif remise en cause

Une des remarques revenues le plus souvent et la plus commentée est la gestion de l’effectif effectuée par Génésio. Et cela fait jaser.

Les choix de joueurs

On lui reproche notamment de ne pas installer de concurrence et que ce ne sont pas forcément les meilleurs qui sont alignés sur la pelouse le weekend. Les méformes de Morel, Nkoulou, Gonalons, Rybus et bien d’autres ne sont que très rarement remises en cause. Et si elles le sont, comme face à Guingamp, où les 2 premiers cités ne faisaient pas partis du groupe, elles ne durent pas. En effet Morel est pressenti titulaire face à Toulouse demain. Et ce n’est qu’un cas parmi tant d’autres.

Défaillante en Ligue 1 avec déjà 14 buts encaissés et pointée du doigt par les supporters, la défense. Qu’elle soit à 3, 4 ou 5, il n’y a pas de hiérarchie établie et cela se ressent sur le terrain. L’impression est que l’on change pour changer sans réellement mettre en condition les joueurs afin d’instaurer une complicité nécessaire dans un secteur de jeu où cela est primordial. Nicolas Puydebois avance un autre paramètre dans l’émission Tant qu’il y aura des gones, « C’est un poste à responsabilité, cela doit être ancrée en eux. Être défenseur, c’est jouer de manière de noble, et nous le galvaudons avec des gestes inutiles et inappropriés dans certaines situations. On dénigre les vraies caractéristiques de ce poste ».

Le positionnement des joueurs 

Aussi on voit des joueurs n’évoluant pas à leur poste, Corentin Tolisso en tête de liste. Cette saison il a été aligné à différents postes et il s’en est d’ailleurs plaint récemment ne voulant « plus être trimbalé partout ». Il est évident que les joueurs n’évoluant pas à leur poste de formation, de "prédilection" sont moins performants et si les performances et leur rendement sont impactées alors cela joue sur leur moral.

Anticiper les risques de blessures

Enfin les blessures et leur anticipation. Mal récurrent de l’Olympique Lyonnais depuis quelques années, les lyonnais n’échappent pas à la règle cette saison. Lacazette face à Bordeaux et Rafael à Lorient sont les 2 principales blessures ciblées par les supporters car elles étaient « évitables ».

Dans le premier cas, Lacazette revenait de blessure et a été aligné les 90 minutes. Sachant que le match était perdu, il aurait été probablement préférable de le faire sortir afin de prévenir ce risque qui s’est transformé en une blessure à quelques minutes du coup de sifflet final.

Le 2ème cas est celui de Rafael. Joueur à réputation fragile, il a déjà fait plusieurs aller-retour à l’infirmerie lyonnaise la saison dernière. Cette saison, Christophe Jallet est blessé au dos donc logiquement Rafa enchaîne les matchs. 3 jours avant la réception de la Juventus Turin, l’OL se déplace à Lorient sur un terrain synthétique et ce qui devait arriver arriva, Rafael se blesse avant la demie heure de jeu. Résultat : Il ne pourra disputer le match face à la Juventus et l’OL devra se passer d’un joueur qui aura plutôt performé dans ce nouveau système de jeu.

Tactiquement, c’est le néant ?

Le système justement.

Bruno Génésio le déclarait lui-même, le 3-5-2 est le système qui correspond le mieux aux caractéristiques de ses joueurs. Le son de cloche est le même du côté des supporters du fait de latéraux offensifs, Rybus et Rafael, et surtout l’opportunité d’associer Lacazette et Fékir devant.

Alors 3-5-2 oui, mais pourquoi ce système n’a pas été testé en matchs de préparation ? Pourquoi avoir attendu les méformes, blessures et le retour de Fékir pour mettre en place un dispositif jamais pratiqué auparavant ?

Entre temps Génésio a évolué en 4-3-3 mais le retour de Fékir à la compétition après son nettoyage du genou l’a incité à revoir ses plans.

On a également vu l’OL évoluer en 4-2-3-1 en cours de match avec  Valbuena ou Tolisso au cœur du jeu. ​

Mais le problème n’est pas tant le système mais son animation. Le 3-5-2 requiert une activité de tous les instants de la part des latéraux ce qu’ils s’emploient à faire, c’est certain. Mais la transition milieu-attaque est quasi nulle et le soutien des milieux aux attaquants est très sporadique. Tolisso et Darder ont pu aider par moments mais ils semblent se chercher et surtout à la recherche d’une complicité naissante avec le duo d’attaque. Ces phases de jeu se travaillent à l’entrainement et la répétition des mouvements est indispensable pour intégrer toutes les composantes d’une discipline tactique exigeante.

Pas aidé par la Direction Sportive de l’OL ?

Bruno Génésio est-il le seul responsable d’une situation sportive devenue critique ?

Et sur cet aspect, les supporters pointent également du doigt Jean-Michel Aulas et la Direction Sportive.  

Août 2009, l’OL et surtout son président recrute à grands frais Yoann Gourcuff tout juste auréolé d’un titre de Champion de France avec Bordeaux. Montant de l’opération 22M€+4M€ de bonus ainsi que +500 000€/mois de salaire. Mais entre blessures et méforme, ce transfert est une catastrophe industrielle pour le board de l’OL. Gourcuff remettra également en cause le staff médical de l’OL et utilisera ses propres kinés.

Août 2015, Aulas fait des pieds et des mains pour faire venir Valbuena et ça paye. Celui qui est alors un titulaire indiscutable en Equipe de France rejoint les gones pour 6M€ et est gratifié du plus gros salaire du club (dépassé depuis par Lacazette). Encore une fois c’est un échec. Il ne trouve pas sa place sur le terrain et ne semble pas en mesure de s’adapter au jeu d’attaque lyonnais fait de percussion et de vitesse, lui qui multiplie les touches de balle.

Les coachs ont alors dû composer avec ces joueurs stars imposés par la Direction mais jamais en mesure d’apporter quoi que ce soit à l’OL.

Aussi la Direction Sportive est floue. Bernard Lacombe a laissé une place vacante en s’occupant désormais des Légendes de l’OL. Pour prendre les commandes du secteur sportif, Aulas pense alors à Houllier mais les soucis de santé de ce dernier ne lui permettent pas une implication à 100% dans cette fonction de Directeur Sportif. Il sera alors engagé comme Conseiller Extérieur par le président lyonnais et ses fonctions touchent autant le recrutement, la formation que l’équipe première.

Cela reste finalement assez flou, on ne sait pas quel est son degré d’implication et de décision dans les différents conseils qu’il peut apporter.

Enfin cela a notamment pour conséquence un mercato raté.

L’absence de Directeur Sportif fait qu’il n’y a pas de chef capable de trancher sur les choix à faire. Ghezzal n'a toujours pas prolongé et pourrait partir gratuit comme cela a été le cas pour Briand, Gomis et Gourcuff. Roger Martinez n’a pas signé pour 2M€ (L’OL proposait alors 6M€ tandis que le Racing en demandait 8) puis l’OL a recruté Mateta en Septembre pour ce même montant (+3M€ de bonus).

Le flou qui a suivi la blessure de Lacazette a également échaudé les supporters des gones. La sensation était qu’il n’y avait pas de profil d’attaquant défini. Les contacts en fin de mercato étaient très chaud avec Iturbe, un joueur offensif capable de jouer sur tout le front de l’attaque. Puis la cellule de recrutement (qui se résume à Florian Maurice et Gérard Houiller) a ciblé Adebayor, un profil d’expérience, axial, grand. Tout l’opposé d’Iturbe.  Pour finalement signer Mateta, seulement 19 ans et qui évoluait alors en National à Chateauroux…

Étrange vous avez dit ?

Quand y’en a plus, y’en a encore (lyonnisme assumé)

En résumé, beaucoup d’aspects sont ciblés par les supporters  mais comme le reconnait volontiers JMA l’OL est « en crise de résultats ». Cependant il reste sur sa ligne de conduite et est optimiste pour la suite de la saison. Un optimisme qui n’est pas partagé par la plupart des supporters.

Ce pessimisme ambiant est accentué par les bons choix effectués par Monaco depuis 2 saisons, Nice depuis 6 mois et plus récemment l’OM avec un staff sportif de renommée, Rudi Garcia et Andoni Zubizarreta. Et cette vilaine impression que les autres travaillent mieux renforce ce sentiment de flou, spécifiquement dans une telle période de mauvais résultats.

Dernier point, la volonté de ces clubs rivaux de s’ouvrir vers l’extérieur. Nice avec Favre, l’OM avec Zubizarreta, Monaco avec Jardim et le PSG avec Emery dénotent avec la « lyonnitude » poussée à l’extrême au sein du staff de l’OL. Et l’idée de s’ouvrir vers l’extérieur n’est pas pour déplaire aux supporters pour 1- sortir les joueurs de leur confort et 2- faire franchir un palier à un club qui donne l’impression de stagner.

Un club qui stagne et des mauvais résultats ? Souvent dans ces cas-là, le premier à en faire les frais, c’est l’entraîneur. Réponse dans les prochaines semaines.

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