Il est sans doute une très bonne pioche, encore faut-il le prouver sur le terrain. L'Américain du FC Nantes traverse une passe difficile à l'image des canaris, qui ont surfé sur la mauvaise vague pendant presque trois mois. Alors qu'il avait connu un début d'exercice correct, buteur à quatre reprises en Ligue 1 et une fois en Coupe de la Ligue, Alejandro Bedoya s'est essoufflé à l'approche de l'hiver et a été de plus en plus irrégulier, pour au final ne plus vraiment rien apporté sur le terrain, malgré un nouveau but face à Monaco le weekend dernier.

Panne physique ?

On peut se poser clairement la question, est-ce que l'international Américain n'a plus d'essence dans le moteur ? La réponse est oui. Oui car Bedoya n'arrête plus depuis juillet-août 2013, après la Golden Cup avec les USA, il a été transféré au sein de la maison jaune et a directement enchaîné avec la Ligue 1. Ajouté à cela les multiples voyages avec en sélection, parfois très loin et souvent décisifs pour la qualification à la Coupe du Monde jusqu'en octobre dernier. Si on additionne le championnat, la coupe et la sélection, son total est à l'heure d'aujourd'hui de 35 rencontres disputées en 9 mois, soit presque autant que lors des deux dernières saisons ! (37 matches, Helsingborgs+ USA). Un rythme effréné, rythmé entre Nantes et le reste du monde, des petites blessures à répétition qui éloignaient le milieu Nantais pendant quelques jours et vous obtenez le joueur fatigué et usé.

Perdu dans le système tactique ?

Latéral, milieu offensif, meneur de jeu ou second attaquant, Alejandro Bedoya a presque parcouru l'intégralité des postes que possèdent une équipe de football, n'exagérons rien, mais nous n'en sommes pas loin. C'est peut-être aussi une des raisons qui font que l'Américain ne sait plus où jouer ? Le changement fréquent de système tactique, surtout en cette seconde partie de saison, plus le manque d'alternative sur les côtés l'ont propulsé parfois milieu offensif gauche (droit), ou bien en tant que second attaquant derrière le buteur Serbe des canaris Filip Djordjevic. Titulaire à 17 reprises, Bedoya a écumé les deux postes dans les couloirs, pour ne finalement rien apporter. Lui qui n'est pas vraiment un joueur capable de faire la différence par la vitesse, comme le font très bien ses coéquipiers Serge Gakpé et Vincent Bessat habitués à jouer sur les ailes. Non le natif d'Englewood est un joueur qui aime repiquer dans l'axe, avoir le ballon, réguler le jeu et faire la dernière passe, capable de faire des différences par sa vision du jeu. Ces derniers points qui ont été la grande force d'Alejandro Bedoya en première partie de saison et qui, désormais, ont laissé place à un Alejandro fantomatique, transparent et qui n'apporte aucune plus valus à un jeu nantais inexistant. Ses derniers faits d'armes sont plus ses occasions manquées contre Bordeaux, Montpellier. C'était déjà le cas il y a quelques mois, notamment face à Monaco, où il avait l'occasion d'égaliser à la dernière seconde pour Nantes, alors qu'il était seul avec Subasic. Plus dans l'état d'esprit "collectif", Bedoya en oubli vite qu'il doit aussi parfois se montrer beaucoup plus "tueur" devant le but, son compteur reste d'ailleurs bloqué à quatre buts depuis le 6 décembre dernier, ce jour-là, il avait donné la victoire aux canaris à Marseille...

Toujours en phase d'acclimatation ?

Il est vrai qu'on pourrait appuyer aussi dans une voie souvent choisie par les journalistes et les médias envers un joueur étranger arrivant d'un autre pays. Pourtant, comme il a été dit précédemment, Alejandro Bedoya a été auteur d'une bonne première partie de saison, malgré la barrière de la langue. Décisif par instants, l'ancien joueur d'Helsingborgs s'est moulé rapidement dans le collectif Nantais. Mais peut-être qu'à force de se mouler dedans, ses lacunes et ses défauts ont été cachés par le parcours des hommes de Michel Der Zakarian. Nouvelle culture, nouveau championnat, la Ligue 1 ne ressemble en rien au championnat Suédois, que ça soit physiquement, tactiquement et techniquement. Lui qui a pratiquement fait toute sa carrière là-bas, malgré un intermède d'un an aux Glasgow Rangers (2011-2012) doit apprendre désormais d'un jeu qu'il ne connaissait pas encore il y a quelques mois. Plus habitué sans doute à des équipes plus portées vers le jeu et l'attaque que la défense. Une acclimatation délicate.

La tête à la Coupe du Monde ?

Est-ce que l'événement planétaire de l'année trotte-t-il dans la tête d'Alejandro Bedoya ? Mystère. Instactivement, cela peut jouer. Le fait que la Coupe du Monde peut entraîner un joueur à tenter moins de choses, à faire moins d'efforts violents au risque de se blesser et d'ainsi de ne pas participer à un événement prestigieux, que tout footballeur rêve de disputer dans sa vie. D'autant plus que le canari est un pion essentiel du dispositif de son sélectionneur Jurgen Klismann, les dernières performances de "Bedo" ont d'ailleurs été remarquées outre-Atlantique par les observateurs avisés des "Stars and Stripes". Indispensable en sélection, il ne l'est pas forcément toujours avec le FCN, son jeu avec la Team USA et avec les canaris qui est sensiblement différent, pose des questions. Entre le jeu fluide d'une formation Américaine et le jeu stéréotypé beaucoup moins fluide d'une formation Nantaise, a-t-on mis Alejandro Bedoya dans les meilleures conditions pour le faire évoluer pleinement dans un système tactique ? Rien n'est moins sûr. Dans tous les cas, on peut également supposer qu'il n'arrive pas à s'adapter à des systèmes radicalement différents.

Toujours est-il, que la saison irrégulière de l'Américain ne plaide pas forcément en sa faveur, à l'image d'un Jordan Veretout ou d'un Adrien Trebel placardisé, Alejandro Bedoya n'a pas su prendre les clés du jeu Nantais. A tel point de traverser le match dans le personnage de Casper le fantôme. Et ça, on ne l'a pas vu venir.