Sauf surprise, Mercedes s'adjugera en 2015 son deuxième titre Constructeurs d'affilée, peut-être dès le Grand Prix de Russie dimanche. Comme en 2014, c'est aussi Lewis Hamilton qui devrait coiffer la couronne mondiale prochainement. La domination de Mercedes est, indubitablement, l'une des plus totales que l'on ait vu sur un sport qui a connu bien des périodes de suprématie d'une écurie (McLaren à la fin des années 1980, Williams au milieu des années 1990, Ferrari au début des années 2000, et Red Bull plus récemment). Avec un coup de maître réussi par le constructeur allemand lors du passage au V6 Turbo en 2014, et une assez grande stabilité réglementaire, les autres écuries peinent à rattraper les Flèches d'Argent. Au Japon il y a 2 semaines, les caméras du réalisateur les ont soigneusement évitées tout le week-end. Mais sans elles, la course serait-elle vraiment plus folle ? Le championnat serait-il plus disputé ? Nous vous emmenons dans un monde où Mercedes n'a pas d'écurie en F1.

2014 - RIcciardo : une étoile est née.

Autant vous le dire tout de suite, la saison 2014 aurait vu une bien plus grande variété de vainqueurs en l'absence de Mercedes. Et c'est l'Australien Ricciardo, au volant de sa Red Bull, qui se serait adjugé son premier titre mondial. La saison aurait été nettement plus disputée : 6 vainqueurs différents (contre 3 en réalité : Hamilton, Rosberg et Ricciardo), dont les premières victoires de Pérez et Bottas. La saison aurait évolué en une lutte assez serrée entre Red Bull et Williams, qui aurait tourné assez rapidement à l'avantage de Ricciardo (7 victoires, 6 poles positions). Bottas aurait tout de même offert une belle résistance, avec 4 victoires et 6 poles.

Pourtant... le titre de Ricciardo n'aurait pas été acquis d'aussi haute lutte que celui de Hamilton face à Rosberg : en effet, il l'aurait empoché dès le soir du GP des USA, alors que deux courses restaient à disputer, et ce malgré la finale "à points doublés" en fin de saison. Et contrairement au scénario réel, où Hamilton, malgré une avance confortable, pouvait encore être mathématiquement battu par Rosberg jusqu'à la dernière course. La faute, principalement, à une fiabilité douteuse pour le Britannique jusqu'à mi-saison.

2015 - Vettel, plus dominateur qu'Hamilton !

Mais c'est surtout en 2015 que le bât blesse en F1 : en effet, contrairement à 2014, Rosberg ne livre pas de véritable opposition à Lewis Hamilton, qui n'en finit pas d'affoler les statistiques. On peut légitimement penser que le championnat aurait été plus serré en l'absence de Mercedes. Il n'en est rien : en effet, Sebastian Vettel aurait débarqué ce week-end à Sotchi avec le titre Pilotes en poche... Avec 10 victoires en 14 courses, l'Allemand n'aurait laissé, lui aussi, que des miettes à ses adversaires (Räikkönen, Massa, Bottas et Romain Grosjean l'emportant chacun une fois). Il n'y a qu'en qualifications que Vettel aurait fait un peu moins bien qu'Hamilton, avec 8 poles (contre 11 à l'Anglais cette saison). Indicateur, peut-être, que la suprématie de Mercedes et de Hamilton se manifeste avant tout le samedi après-midi.

Ainsi, dès le soir du GP du Japon, Sebastian Vettel se serait assuré mathématiquement du titre Pilotes, avec 299 points (contre 170 à son dauphin Räikkönen - et 277 à Hamilton aujourd'hui !). On voit bien que Ferrari est vraiment la deuxième force du plateau, et que, comme chez Mercedes, le pilote leader a pris un ascendant considérable sur son coéquipier. Si les Flèches d'Argent n'avait pas été là, le bond en avant de la Scuderia en 2015 aurait été encore plus spectaculaire (en tête du championnat Constructeurs après une quatrième place en 2014 - et même chose chez les pilotes, avec un doublé provisoire).

Retour à la réalité

Ce week-end, Lewis Hamilton et Nico Rosberg piloteront bel et bien la Mercedes, tentant de repousser un peu plus loin les records de domination de la W06. Autant que sa monoplace, c'est aussi Hamilton qui domine outrageusement son coéquipier (et, par la même occasion, la F1). Comme cette petite fantaisie le démontre, s'ils n'étaient pas là, rien ne garantit que le championnat serait plus disputé. Plutôt que de rêver de leur absence, on se satisferait d'un monde où la Mercedes serait plus lentes d'une poignée de dixièmes au tour et le moteur Renault plus puissant d'une louchée de chevaux... Nul doute que dans ce cas, Hamilton devrait au moins se battre bec et ongles avec nos deux champions de papier, Vettel et Ricciardo. Si, en plus, Honda trouvait une formule miracle pour que Button et Alonso n'aient plus l'impression d'être propulsés par un "moteur de GP2", la lutte n'en serait que plus belle - et le triomphe, tellement plus glorieux ! Vivement 2016 ?

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