A défaut d'être brillant dans le jeu, le Brésil était toujours apparu solide, ou du moins efficace défensivement dans cette Coupe du Monde 2014. Certains se rappeleront des qualifications difficiles face au Chili et à la Colombie, mais lors de ces matches, la Selecao n'avait pas été dominé tactiquement, et la défense s'était montrée solide, les milieux compensant les montées de Maicon, Dani Alves et Marcelo et les attaquants faisant un gros travail de replacement dans un couloir. Mais face à l'Allemagne, le Brésil s'est révélé écrasé techniquement, mentalement mais aussi tactiquement.

Le déséquilibre perpétuel

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Face au 4-2-3-1 allemand parfaitement en place et au point, c'est toute l'équipe Brésilienne qui s'est retrouvée en grande difficulté. L'idée de Scolari était de mettre de l'intensité dans les couloirs avec Marcelo et Maicon très hauts dans le camp de la NationalMannschaft pour déséquilibrer et contourner le bloc allemand. Luiz Gustavo et Fernandinho étaient alors chargés de couvrir dans la largeur pour compenser les montées des arrières latéraux brésiliens. Or, les deux milieux défensifs ont du faire face aux montées de Khedira venu jouer de derrière, mais aussi et surtout à un Tony Kroos très avancé et excellent dans une position de meneur de jeu. Luiz Gustavo et Fernandinho ont ainsi dû se résoudre à défendre dans l'axe, laissant les couloirs libres. Le Brésil s'est alors retrouvé en déséquilibre et l'Allemagne s'est engouffrée dans les espaces laissés sur les ailes. Lahm, repositionné à droite, s'est montré incisif sur chacune de ses montées tandis que Muller s'est révélé précieux dans ses déplacements de l'extérieur vers l'intérieur, contribuant à encore plus étiré les lignes et démontrer les soucis de placement de Marcelo. Complétement écrasé au milieu du terrain, le Brésil est alors apparu dépassé défensivement et n'a jamais pu contenir le 4-2-3-1 allemand qui, lui, était efficace et rôdé.

Incapable de créer devant

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Le Brésil était bien parti dans la rencontre, mettant du rythme et acculant la défense allemande. Mais cela aura duré cinq minutes, le temps que les hommes de Löw se ressaisissent et assimilent le rôle tactique qui leur était demandé. A partir de là, le Brésil n'a jamais été capable de produire quelque chose de concrètement dangereux pour l'Allemagne. Oscar, enfermé dans l'axe a été invisible, Bernard trop tendre n'a jamais été incisif, tandis qu'Hulk et Fred, trop faibles techniquement n'ont pas pu faire la différence. Le Brésil a, une nouvelle fois, pâti de son manque de qualité technique devant et de l'absence d'un véritable organisateur pour orienter le jeu autour de tous ces joueurs de complément. Mais la Selecao a surtout fait face à un système Allemand imperméable et terriblement solide. Que ce soit face aux contres brésiliens ou sur des attaques placées, la NationalMannschaft s'est révélée sereine et impeccable. Pour compenser les libertés accordées à Khedira et Lahm, Löw a demandé une énorme rigueur à Howedes et Schweisteiger qui ont couvert les attaques allemandes. Contre un onze allemand très équilibré, le Brésil n'a jamais su faire preuve de cohésion pour faire le jeu. Les défaillances des hommes de Scolari en terme de création ajoutés à la solidité du bloc allemand ont rendu la tâche impossible pour le Brésil qui n'a jamais réellement pu déséquilibrer l'Allemagne.

Tout simplement en-dessous techniquement

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Cependant la victoire allemande ne s'est pas construite que sur l'aspect tactique. Il ressort, en effet, que l'Allemagne était plus forte techniquement que le Brésil. Ses joueurs évoluant majoritairement en Europe, le football brésilien a perdu sa folie et de son insouciance. Là où les efforts de la Fédération Allemande en termes de formation porte ses fruits, avec une génération talentueuse incarnée par Neuer, Muller et Kroos qui est en pleine maturité. Ce match révèle les soucis d'un football Brésilien qui s'est perdu ces dernières années. Il est également la confirmation d'un travail allemand dans la durée, entâmé au début des années 2000. Hier, c'est l'Allemagne qui a créé. Au coeur du jeu, la NationalMansschaft avait des joueurs de ballon, là où le Brésil avait des profils défensifs mais incapables de venir jouer de derrière. Tandis que devant, l'Allemagne avait de vrais créateurs. Le Brésil avait de son côté des joueurs de complément, incapable de prendre le jeu à leur compte, des joueurs qui n'avaient tout simplement pas le niveau d'une demi-finale de Coupe du Monde.

La défaite du Brésil s'explique par un problème psychologique, la pression ayant inhibé les coéquipiers de David Luiz qui avait une pression énorme sur leurs épaules. Mais si la Selecao a perdu, c'est parce qu'elle a été dominée dans tous les secteurs du jeu.