Un changement de système fatal

Ceux qui font le football le savent, dans ce sport tout va très vite, que ce soit dans le bon ou le mauvais sens. En un peu plus d'un an, Javi Martinez en a fait l'agréable puis la cruelle expérience. Arrivé à l'été 2012 en Bavière pour la somme record en Bundesliga de 40 millions d'euros, il avait réussi à s'imposer comme une véritable garantie sous Jupp Heynckes, poussant sur le banc la concurrence de Luiz Gustavo notamment. Dans la conquête des titres, il a eu un gros rôle à jouer dans l'ombre, tout comme les joueurs offensifs qui ont quant à eux été plus exposés médiatiquement. Aujourd'hui, la situation a grandement changé pour l'international espagnol. Il n'est plus un indispensable et doit se contenter de grappiller du temps de jeu en sortie de banc. Le tout combiné à une légère blessure contractée en sélection, cela fait beaucoup pour l'ancien joueur de Bilbao.

La cause de son actuel malheur est un système de jeu : le 4-1-4-1. Instauré par Guardiola dès son arrivée, ce schéma de jeu a modifié en profondeur ce Bayern. Alors qu'on était habitué à voir un 4-2-3-1 sous Heynckes, le coach catalan a tenu a apporté sa patte. Pour cela, il a absolument tout révolutionné, que ce soit devant, derrière ou donc au milieu de terrain. Ainsi, pour faire simple, l'un des deux milieux récupérateurs à glisser un cran plus haut, faisant que la ligne de milieux offensifs est passée de trois à quatre joueurs, tout en sachant que ce milieu récupérateur n'est pas remplacé et qu'il n'en reste qu'un. Problème, pour ce poste Guardiola veut un mec qui possède une qualité technique hors du commun et une vision du jeu irréprochable pour être la première rampe de lancement du jeu. Et si Javi possède d'énormes qualités, celles voulues par Guardiola ne sont pas vraiment celles que possède le milieu espagnol. Avec Schweinsteiger comme titulaire quasi indiscutable et Thiago qui peut être son substitut idéal, il ne reste plus beaucoup de place pour lui. Mais on pourrait le voir réapparaître dans le onze prochainement.

Le onze de Heynckes avec Javi

Celui de Guardiola, Sans Javi

La solution au déséquilibre du jeu munichois

En effet, le Bayern Munich marche bien en ce début de saison et les résultats sont là pour le prouver. Avec la Supercoupe d'Europe remportée vendredi et dix points pris sur douze possibles, il n'y a pas de quoi s'alarmer même si le 4-2 concédé en Supercoupe d'Allemagne face au rival numéro un, le Borussia Dortmund, a laissé des traces. Ce qui inquiète le plus, c'est ce que l'on peut voir sur le terrain. Depuis la reprise de la saison il y a un mois presque jour pour jour, le Bayern Munich n'a pas encore réussi à s'imposer de façon sereine. Ils ont toujours été sous la menace d'un retour de l'adversaire jusqu'à la fin des matchs. Sans un Neuer déterminant, les résultats seraient peut-être moins réjouissants. Si l'attaque ne marche pas aussi bien mais reste très efficace avec notamment sept buts en Bundesliga, c'est la défense qui inquiète le plus. La charnière Dante-Boateng n'est pas vraiment une assurance tout risque et elle est souvent prise à défaut, la faute aux velléités offensives de Guardiola.

La saison passée, les deux latéraux montaient aussi énormément, mais en plus de Schweinsteiger, il y avait aussi Javi Martinez qui empêchait l'adversaire de développer les contres rapides en ratissant un nombre hallucinant de ballons. Cette saison, le grand milieu de 1m90 n'est plus sur le terrain et l'équilibre défensif est mis à mal constamment par cette absence. Quasiment tous les buts que le Bayern s'est pris, ce fut sur des contres rapides bien joués par l'adversaire. Il n'est pas rare de voir la défense bavaroise avoir à gérer des situations incroyables à 3 - 4 par exemple au bout de seulement dix minutes de jeu. Pour le spectacle, c'est bien. Par contre pour aller chercher la victoire, c'est déjà beaucoup plus compliqué. La qualité individuelle de joueurs comme Ribery fait la différence pour le moment mais le collectif n'a toujours pas retrouver un véritable liant. Pour régler ce problème, la solution est simple : Javi Martinez.

Buteur décisif contre Chelsea, il a fait une entrée remarquée. Maintenant, si l'Espagnol venait à réintégrer le onze, ce ne serait certainement pas pour prendre la place de Schweinsteiger. On peut l'imaginer en défense centrale mais la charnière Boateng-Dante est bien en place. La solution serait donc de repasser en 4-2-3-1 avec Martinez à la place d'un joueur offensif. L'équilibre serait ainsi rétabli et devant, les joueurs offensifs se marcheraient certainement moins sur les pieds. Maintenant, est-ce que Guardiola est prêt à renier le système de jeu qu'il a importé dès à présent ? Ça semble quasiment impossible. Mais si jamais il n'y a toujours pas d'améliorations dans les prochaines semaines et de nouvelles mauvaises surprises comme contre Fribourg, ça risque de chauffer sous le crâne chauve du Catalan. Martinez n'attend que ça.