Les Barcelonais peuvent remercier leur buteur providentiel, Luis Suarez, qui a permis aux siens de se sortir de ce traquenard organisé par l'Atletico Madrid. Après leur déconvenue à domicile samedi dernier dans le Clasico face au Real Madrid (1-2), les hommes de Luis Enrique se devaient de réagir dans leur antre du Camp Nou face à l'autre club de Madrid, l'Atletico, qualifié de "2ème meilleure équipe d'Espagne" par Gerard Piqué, en conférence de presse d'avant match lundi. Ce "Clasico" (comme le prénomme la presse espagnole) tenait alors toutes ses promesses et la physionomie du match n'a pas tardé à les confirmer, offrant une nouvelle fois un match explosif entre Catalans et Colchoneros.

En alignant la même équipe que lors de la défaite dans le Clasico, à l'exception du gardien Ter Stegen (recruté à l'intersaison pour jouer tous les matchs de Ligue des Champions), Luis Enrique gardait encore toute confiance en son équipe, espérant que l'esprit de revanche puisse remettre rapidement son équipe dans le droit chemin et que le trio MSN soit plus inspiré par rapport au match face au Real Madrid. De leur côté, les hommes de Diego Simeone arrivait en pleine confiance en Catalogne, après une éclatante victoire face au Bétis Séville (5-1) samedi dernier et comptait plonger un peu plus le Barça dans le doute. Pour cela, l'entraîneur argentin pouvait compter sur le retour de son taulier en défense centrale, en la personne de Diego Godin, mais devait tout de même composer sans Stefan Savic, l'autre défenseur central titulaire. C'est donc le jeune espoir français Lucas Hernandez qui est aligné dans l'axe au côté de Godin. Devant, Diego Simeone mise une fois de plus sur Carrasco dans un match de Ligue des Champions, accompagné par le joueur star du moment, Antoine Griezmann, puis de Fernando Torres à la pointe de l'attaque.

Malgré six défaites sur les six dernières confrontations face au Barça, l'entraîneur madrilène adopte une nouvelle fois un schéma tactique permettant de presser haut pour gêner la relance courte des Catalans tout en acceptant de subir, en étant très regroupé dans les trente derniers mètres, laissant peu de place au trio infernal de la MSN de s'exprimer librement. Le début de match donne alors raison au coach de l'Atletico.

Une mi-temps presque parfaite de l'Atletico...

Les Colchoneros appliquent à la lettre les consignes de leur entraîneur et tente directement de venir presser haut la relance du Barça. Malgré tout, à la récupération du ballon, ils manquent de justesse technique pour enchaîner les offensives, à l'image de Torres, ratant plusieurs passes de suite. De leur côté, les Barcelonais comptent déjà sur leur trio et plus particulièrement Messi et Neymar. Le premier voit sa frappe écrasée passer à droite de la cage madrilène (5e). Le second se procure lui une plus grosse occasion, en envoyant le ballon de la tête au-dessus du but d'Oblak (19e). L'Atletico sort alors un peu plus de son camp et effectue son premier tir du match, par l'intermédiaire d'Antoine Griezmann, qui voit sa frappe du pied gauche flirter avec le poteau droit (24e). Ce n'est alors que partie remise pour l'Atletico puisqu'une minute plus tard, leur premier tir cadré va faire mouche. Aux 20 mètres, Koke est trouvé et enchaîne parfaitement d'une passe de l'extérieur dans la profondeur pour Fernando Torres, qui conclut du pied droit entre les jambes de Ter Stegen (25e). Le buteur madrilène n'avait plus marqué en Ligue des Champions depuis deux ans et une demi-finale avec Chelsea contre...l'Atletico. Le plan tactique de Simeone fonctionnait alors à merveille, les Barcelonais ne trouvant déjà pas la solution avant l'ouverture du score. Le démon du Clasico resurgissait alors pour des Catalans, complètements en manque d'inspiration dans cette première mi-temps, tant sur le plan offensif que défensif. D'ailleurs, ils sont tout proche de la correctionnelle quand Griezmann, alerté en profondeur, parvient à croiser sa frappe du pied gauche malgré le retour d'Alba, celle-ci étant alors détournée magnifiquement par Ter Stegen (32e). 

Les hommes de Luis Enrique sont au bord de l'agonie mais vont alors bénéficier d'un coup de pouce de Fernando Torres. En effet, l'espagnol, dix minutes après avoir été une première fois averti d'un carton jaune, écope alors de son deuxième avertissement, synonyme de carton rouge, pour une faute stupide sur Busquets (36e). La physionomie du match change alors totalement et le Camp Nou et ses joueurs reprennent alors espoir. C'est Javier Mascherano qui place la première frappe cadrée de son équipe, toutefois bloquée tranquillement en deux temps par Oblak (41e). La première mi-temps arrive à son terme et l'Atletico mène toujours 0-1 face à des Barcelonais, pour le moment impuissant face à cette défense bien regroupée mais tout heureux de voir leur adversaire du soir réduit à dix jusqu'à la fin du match.

...qui finit par craquer sous la pression du Barça

Au retour des vestiaires, les Colchoneros vont alors subir, tout au long de la seconde période, la déferlante Blaugrana. Avec l'expulsion de Torres, Diego Simeone décide de réajuster sa tactique, préférant laisser libres les côtés, pour pouvoir contrer les nombreuses phases d'attaques de la MSN dans l'axe. Ils parviennent tout de même à se créer une dernière occasion de break. Sur le côté droit, Carrasco fait la différence et centre fort dans la surface barcelonaise mais Griezmann est trop court pour couper le ballon au premier poteau (49e). Commence alors une impressionnante phase d'attaque-défense pour le Barça. Neymar, alerté côté gauche, adresse un centre parfait pour Messi, ce dernier contrôlant de la poitrine et enchainant un magnifique retourné acrobatique, qui passe juste à côté du poteau gauche d'Oblak (50e). Une minute plus tard, c'est une nouvelle fois Neymar qui est trouvé côté gauche, le brésilien crochète alors vers l'intérieur et enroule sa frappe du pied droit, qui finie sa course sur la barre transversale du gardien des Colchoneros (51e). Les Madrilènes sont à deux doigts de craquer mais leur sang froid défensivement leur permettent de plier sans rompre. Les vagues Blaugranas continuent d'affluer dans le camp de l'Atletico mais ni la tête de Neymar, captée facilement par Oblak (55e), ni la frappe de Messi, repoussée difficilement par le gardien madrilène (56e) et ni la nouvelle frappe de Neymar passant tout près du but du gardien slovène (62e), ne parviennent à faire craquer la défense madrilène.

C'est alors que sur un nouveau ballon côté droit, Dani Alves adresse un centre au second poteau qui trouve Jordi Alba, sa reprise de volée du gauche est alors prolongée par Luis Suarez (transparent jusque là), à bout portant, récompensant ainsi le très gros temps fort du Barça (63e). Les coéquipiers de Messi reviennent donc à hauteur mais ne veulent pas en rester là, voulant profiter encore plus de leur supériorité numérique. Les Colchoneros ne font que défendre et vont alors le payer cher une seconde fois dix minutes plus tard. Après un jeu à trois entre Messi, Suarez et Alves, ce dernier est une nouvelle fois seul sur son côté droit pour ajuster un centre parfait sans contrôle qui trouve la tête puissante de  l'Uruguayen, ne laissant aucune chance à Oblak (74e). Il inscrit là son 16ème but en 23 matchs de Ligue des Champions, son 8ème cette saison, en autant de matchs. Les Catalans prennent les devants au score mais cherchent le troisième but, presque synonyme de qualification dans la majorité des cas. L'Atletico est toujours autant acculé dans ses vingts derniers mètres mais reste néanmoins solides jusqu'à la fin du match, ne laissant plus au Barça la possibilité de "se mettre à l'abri" en faisant le break avant le match retour.

Le FC Barcelone remporte alors difficilement la première manche, en grande partie grâce à l'expulsion de Fernando Torres, mais aussi à son génial buteur Luis Suarez, auteur d'un doublé malgré un match compliqué à la pointe de l'attaque, bien muselé par son compatriote Godin et par le jeune français Hernandez. Les Colchoneros se contenteront de cette défaiten leur permettant d'espérer au match retour à Vicente Calderon où l'ambiance risque d'être explosive. Ils chercheront surtout à finir la rencontre à 11 puisqu'ils ont fini 5 fois en infériorité numérique sur les 5 dernières confrontations face au Barça. Tout reste donc à faire dans ce quart de finale de Ligue des Champions 100% espagnol.

Prochain rendez-vous pour les deux équipes avant le match retour en championnat ce week-end, avec deux déplacements, chez la Real Sociedad pour le FC Barcelone et chez le voisin catalan, l'Espanyol Barcelone pour l'Atletico Madrid.

Le joueur : Fernando Torres

Décisif après avoir ouvert le score pour son équipe, il l'a malheureusement été pour l'équipe adverse en écopant de deux cartons jaunes stupide, après une faute sur Neymar (29e) et sur Busquets au milieu de terrain (36e). C'est donc le premier joueur dans l'histoire d'un match de Ligue des Champions à marquer un but et être expulsé en première mi-temps. Il a toutefois marquer son onzième but face au Barça, premier en Coupe d’Europe sous le maillot de l’Atlético qu’il avait déjà porté entre 2000 et 2007, avant son retour en 2014. Son but comptera forcément au match retour mais son absence aussi, tant sa combativité et son sens du but ne font d'égal chez les Colchoneros.

Luis Enrique (FC Barcelone) : «J'ai hâte de jouer le match retour»

Satisfait de la prestation de ses joueurs, l'entraîneur barcelonais est impatient de jouer le match retour : «Il faut mesurer la difficulté qu'il y a à affronter l'Atlético de Madrid. Il faut être très précis, très fluide, bien contrôler le ballon et en première période nous avons surtout essayé de les déséquilibrer par des exploits individuels. Le jour où ça ne fonctionne pas, on a des problèmes. Ils ont marqué sur une grande occasion de but, avec une erreur de notre part, et cela a accentué la sensation de difficulté. Mais avec l'exclusion (de Torres), le match a changé et en seconde période nous avons essayé de réussir par la circulation de balle ce qui n'avait pas marché par les individualités. La seconde période s'est passée à merveille et nous avons réussi à les acculer derrière. Je suis très satisfait de regoûter à la victoire et j'ai déjà hâte de jouer le match retour au stade Calderon.»

Diego Simeone (Atlético de Madrid) : «Content d'avoir une équipe qui laisse sa peau à chaque match»

Malgré la défaite, l'entraîneur des Colchoneros a tenu à saluer l'abnégation de son équipe à chaque match : «Je suis fier des footballeurs que j'ai, content d'avoir une équipe qui laisse sa peau à chaque match. Ils se dressent face à chaque difficulté et ne cherchent pas d'excuses mais des réalités. L'équipe a fait un très grand match, très bon jusqu'à la 30e minute. Mais en seconde période, Barcelone a su mieux manier le ballon et ils nous ont acculé dans notre surface.

(Sur le résultat) Les Barcelonais ont eu l'opportunité de marquer davantage pour être plus tranquilles mais ils ne l'ont pas fait et cela génère au moins de l'enthousiasme et de l'envie pour le match retour. Cela va être un beau match. (Sur l'arbitrage et sur les fautes de Suarez qui auraient pu mériter une exclusion) J'essaie d'y penser le moins possible, je ne dis pas tout ce que j'aurais envie de dire. (...) Je suis très respectueux, l'arbitre a considéré les choses comme il l'a fait, maintenant il y a un autre match au Calderon et nous voulons tout faire pour être parmi les quatre meilleures équipes d'Europe.»

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