Que ce soit sur les pistes verglacées de Suède, entre les jumps finlandais ou dans les forêts galloises, les pilotes nordiques ou britanniques ont dominé toutes les manches de ces trois épreuves dès les années d'après-guerre.

Au RAC, les parcours secrets et les spéciales « Mickey Mouse » ne favorisent pas les « étrangers » qui ne savent pas où ils mettent les roues ! Les locaux coupent largement les virages et connaissent chaque pouce du terrain. La Finlande et ses bosses où il est indispensable de bien connaître la façon de se placer avant les sauts, et ses vitesses entre des sapins qui servent d'échappatoire. Enfin ne parlons pas de la Suède, avec une conduite sur neige et glace qui exige une parfaite maîtrise, avec le fameux jeu avec les murs de neige dont se servent les Scandinaves pour se remettre en piste après leurs splendides dérives.

Très peu de latins osaient se frotter à de tels mythes dans les années 70, et pour cause. A quoi bon finir hors du top 10, ne pas marquer de points, et faire un voyage long et coûteux pour certains à l'époque. Du coup, entre 1950 et 1990, le RAC, les 1000 Lacs et la Suède sont restés propriété des hommes du Nord. Seuls Thérier en Suède en 1973, ou Munari au RAC 1974 montent sur le podium. Les années 80 allaient marquer un renouveau.

 

Röhrl, Mouton, Saby les précurseurs

 

Début des années 80, un nouvel ogre arrive en WRC, Audi. L'armada germanique possède des pilotes qui n'ont pas peur de rivaliser avec les Nordiques sur leur terrain. Un seul contre-exemple avec Walter Röhrl qui refuse catégoriquement de faire la Finlande, qu'il juge trop dangereux, ou le RAC à cause du brouillard. L'Allemand est une exception car, pour devenir champion du monde, les pilotes ne peuvent plus se permettre de manquer des épreuves d'un championnat qui compte 12 manches.

En 1980, Guy Fréquelin, copiloté par Jean Todt, arrache la 3e place au RAC sur sa Talbot Sunbeam. En 1984, Michèle Mouton termine 2e en Suède. De plus en plus, les Italiens, ou Français jouent le podium sur ces manches. Deux pilotes vont alors se révéler et briser l'hégémonie scandinave et britannique : Didier Auriol et Carlos Sainz.

 

Flying Latins !

En 1988, Auriol termine 3e des 1000 Lacs sur sa Ford Sierra Cosworth, mais le coup de maître est réalisé par le futur champion du monde 1990 (puis 1992) Carlos Sainz. 3e en Finlande et 2e au RAC en 1989, El Matador remporte l'année suivante les 1000 Lacs et le RAC. Une vraie fessée pour les Nordiques qui doivent s'incliner face à cet Espagnol capable de se battre sur tous les terrains du WRC. C'est une vraie première. Auriol lui emboîte le train et s'adjuge haut la main la Finlande en 1992.

A partir de cette époque, les deux meilleurs ennemis trustent souvent les podiums finlandais et britanniques mais la Suède se refuse à eux. Les pistes enneigées restent inviolées, mais pour combien de temps ?

 

Loeb, maître parmi les maîtres.

En 2001, un jeune Alsacien débarque en WRC. Sébastien Loeb devient très vite un Tarmac Master comme l'ont été ses aînés français. Mais comme Auriol, Thérier ou Delecour, Loeb commence à jouer la gagne sur la terre. En 2003, il passe tout près de la couronne mondiale (merci les consignes …) et termine 2e en Grande-Bretagne. Son coup de maître va venir en février 2004, ou Loeb profite d'une petite erreur de Marcus Grönholm pour devenir le premier non-Nordique à s'imposer en Suède. Il remportera par la suite le RAC (2008-2009 et 2010) et aussi la Finlande en 2008, 2011 et 2012.

Cette fois, les bastions du Nord sont bel et bien en train de tomber. Mais les Nordiques n'abdiquent pas facilement. Latvala, Hirvonen ou Ostberg ne sont pas disposés à laisser ces pilotes « étrangers » venir leur disputer la victoire sur leurs propres terres. Mais après Loeb, voici Ogier qui se présente en 2013 avec sa nouvelle équipe Volkswagen. Résultat : victoire en Suède et en Finlande. Ogier fera-il le Grand Chelem du Nord en enlevant le RAC ? Réponse en novembre prochain.