Que ceux qui n’ont jamais voulu vivre le rêve américain lèvent le doigt ! (Et là, j’affronte une forêt de bras croisés... ) Comme beaucoup d’Européens, des équipes et pilotes venus du vieux continent ont tenté leur chance en traversant l’Atlantique et faire carrière aux USA. Mais qu’est-ce qui explique un tel exil alors que le berceau du sport automobile se trouve dans la vieille Europe ?

Pas si vite ! Dire que tout le gratin du sport automobile fuit l’Europe est une ineptie ! En effet, l’irréductible Angleterre ne connait pas la fuite des cerveaux puisque c’est au cœur de la Perfide Albion que se trouve la plus grande concentration de tout ce qui touche de près ou de loin à la course automobile. Chaque fois que la Formule Un se produit à Silverstone, c’est à guichets fermés ! Une grosse partie des « cerveaux » de la course automobile sont anglais, les championnats nationaux sont devenus des institutions, le Goodwood Festival of Speed est devenu un évènement immanquable et les circuits sont légions. D’autres pays comme l’Allemagne ne sont pas en reste non plus et l’Europe est gorgée de circuits mythiques.

Mais il ne faut pas se leurrer, à l’heure où le sport automobile est souvent pointé du doigt comme une vitrine de la pollution environnementale et qu’il devient de plus en plus difficile de se dénicher un volant « potable » pour un bon prix, beaucoup sont ceux qui font la moue. Et des tribunes à moitié remplies n’arrangent guère les choses. Les organisateurs européens se creusent les méninges pour trouver la formule idéale, ne sachant pas s’il faut favoriser la quantité à la qualité ou vice versa. Et le public boude toujours… Trop cher ? Pas assez médiatisé ? Instable ? En tous cas, tous ces éléments ont une responsabilité dans le fait que certains européens vont voir ailleurs, après avoir fait le tour des solutions.

Les gens du vieux continent ont tenté l’aventure américaine depuis belle lurette. Les 500 miles d’Indianapolis existent depuis plus de 100 ans et on trouvait déjà des européens inscrits sur la liste des participants. Les 12 heures de Sebring ont vu Ferrari et Porsche briller et Audi a marqué ses anneaux au fer rouge sur le championnat IMSA à la fin des eighties. Serait-ce un passé historique à défendre qui expliquerait la venue des Bourdais, Müller et consorts au Far West ? Eh bien non ! Si les Européens arrivent en nombre pour disputer les championnats nord-américains, c’est pour deux choses : Primo, avec des prix serrés pour un excellent niveau de compétitivité, il y a à boire et à manger pour tout le monde ! Deusio, quand on roule aux Etats-Unis et/ou au Canada, on est certains d’avoir une bonne publicité.

Car, si le sport auto made in North America peut paraître moins chic et moins glamour que son cousin européen, il met l’accent sur un facteur important que nous loupons complètement : la communication ! En effet, les Américains sont très forts pour faire de la publicité et de la promotion des courses pour que chaque épreuve de NASCAR (le deuxième sport le plus regardé après le foot américain), d’Indycar ou encore d’American Le Mans Series soit un véritable évènement populaire. S’il ne fait aucun doute que les courses sur ovale soient d’office à suspense, celles sur circuits routiers donnent des sueurs froides à tous ceux qui les regardent !

Les organisateurs de l’American Le Mans Series ont une fois de plus prouvé à Road America l'année dernière (86 millièmes d’écart entre les deux premiers !) que 30 voitures par weekend de course est largement suffisant pour produire un beau spectacle à tous les étages. Pas besoin d’une catégorie surpeuplée ! Et après chaque course, si vous êtes abonné, chaque équipe vous envoie par mail le résumé de la course avec interviews tout en faisant la promotion de la course suivante. Un vrai bonheur pour les journalistes qui doivent souvent partir à la chasse pour obtenir une info en Europe. De plus, en partageant le weekend avec les manches d’Indycar, le public répond toujours présent en nombre ! S’il est moins connaisseur en général que celui d’Europe, il est plus engagé et plus passionné par la course ! Et ça, pour l’image de marque des constructeurs engagés officiellement au pays de l’Oncle Sam, c’est important compte tenu que le marché américain est un enjeu important pour beaucoup et qu’une image sportive, de préférence de « winner », est toujours la bienvenue.

Une bonne couverture médiatique, des prix encore contenus, du marketing, des courses de folie ainsi un public présent en masse et passionné. Voilà ce qui fait la recette du sport automobile made in US. S’il est moins prestigieux que son homologue européen, il s’axe sur le « show » et l’organisation typiquement américaine. Bref, si vous recherchez le fun et la bagarre pour vous faire un nom, traversez l’Atlantique ! Si vous préférez le sérieux et le prestige pour aller loin, restez en Europe.